Niger : plus de 19.427 milliards de fcfa pour financer un programme ambitieux de développement économique et social

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Conférence de presse sur la campagne de la table ronde pour le financement du PDES 2022-2026 du Niger

Le 29 octobre 2022, le ministre du Plan, Dr Rabiou Abdou, a procédé au lancement de la campagne de communication d’une table ronde de mobilisation de ressources pour financier l’ambitieux Programme du développement économique et social (PDES) 2022-2026. Évalué à 19.427,6 milliards de fcfa, soit environ 30 milliards de dollars américains, ce programme a pour objectif de « transformer structurellement l’économie nigérienne en vue de conforter les bases de son développement ».

Dans le cadre de la mobilisation du financement du PDES 2022-2026, le Gouvernement nigérien prévoit l’organisation d’une table ronde des bailleurs de fonds et un forum des investisseurs à Paris. Cette rencontre qui aura également pour objectif de promouvoir l’investissement au Niger, à travers le secteur privé, aura lieu les 5 et 6 décembre 2022. C’est dans ce cadre que le ministre du Plan, Dr Rabiou Abdou, celui des Finances, Dr Ahmat Jidoud, ainsi que la Coordinatrice du système de Nations Unies, Luise Aubin, ont coanimé une conférence de presse, procédant ainsi au lancement de la campagne de communication sur ladite table ronde.

Six objectifs visés par la stratégie de communication

Dans son mot introductif, Dr Rabiou Abdou a fait savoir que la stratégie de communication du PDES 2022-2026 vise six (6) principaux objectifs. Il s’agit, selon lui, d’informer les acteurs directs des politiques publiques sur les objectifs et les résultats attendus du PDES 2022-2026 ; vulgariser les objectifs et les résultats attendus du PDES 2022-2026 auprès du grand public ; diffuser, auprès du grand public, des éléments de communication de nature à impulser des changements de comportements.

Elle vise aussi à renforcer la connaissance du PDES 2022-2026, auprès des partenaires techniques et financiers et Gouvernements des pays amis, en vue de favoriser la mobilisation des ressources ; renforcer la connaissance du PDES 2022-2026, auprès des grands groupes internationaux, en vue de favoriser les investissements directs étrangers au Niger et enfin renforcer la connaissance et la visibilité du PDES 2022-2026 au niveau des nigériens de la diaspora.

Conforter les bases du développement économique

Elaboré selon une approche participative et inclusive, le PDES 2022-2026 a été adopté par le Gouvernement, le 10 juin dernier. Il est « le document de référence au Niger en matière d’interventions dans le domaine socioéconomique, cultuel et environnemental », selon le ministre du Plan. Aussi, il constitue la deuxième déclinaison de la Stratégie de développement durable et de croissance inclusive (SDDCI) Niger 2035, après le PDES 2017-2021, précise Dr Rabiou Abdou.

« Ce PDES ambitionne de transformer structurellement l’économie nigérienne en vue de conforter les bases de son développement. A cette fin, il est structuré autour de trois (3) axes stratégiques qui reflètent, dans leur ensemble, les principales dimensions du développement durable », a expliqué le ministre du Plan.  Selon lui, le premier axe porte sur le développement du capital humain ; le deuxième sur la consolidation de la gouvernance, paix et sécurité et enfin le troisième axe porte sur la transformation structurelle de l’économie.

Dr Rabiou Abdou d’indiquer que le financement du PDES sera assuré par les ressources publiques nationales, mais également à travers des appuis financiers de partenaires au développement ainsi que des investissements du secteur privé (national et international).

Une table ronde pour y arriver

C’est dans la perspective de garantir l’adhésion des partenaires à ce document d’orientation stratégique d’une part et, d’autre part, d’optimiser la mobilisation des ressources techniques et financières nécessaires à la mise en œuvre du PDES 2022-2026 que le Gouvernement organise une table ronde à Paris, avec comme slogan « Niger, terre d’accueil et d’opportunités », a expliqué le ministre du Plan. Cette rencontre réunira des membres du Gouvernement et des partenaires et investisseurs au développement.

Le financement nécessaire pour le succès du PDES 2022-2026 est évalué à 19.427,6 milliards de fcfa, soit environ 30 milliards de dollars américains, a indiqué le Mministre du Plan. « Ce montant est composé de 8.757,0 milliards de fcfa de dépenses publiques sur ressources propres à l’Etat ; 6.742,3 milliards de fcfa attendus des PTF et 3.928,3 milliards de fcfa du secteur privé », a-t-il détaillé. La mobilisation complète de ce financement, est donc l’un des principaux objectifs de la table ronde de Paris.

« Pour faciliter l’identification des opportunités d’investissements par les partenaires et investisseurs, le ministère du Plan a mis en place une banque de projets et programmes qui regroupe tous les projets publics et privés, jugés structurants pour la mise en œuvre du PDES », a fait savoir Dr Rabiou Abdou. « Cette banque, poursuit le ministre, contient actuellement plus de 300 projets, sur lesquels une vingtaine feront l’objet d’études de faisabilité complètes à présenter à la Table Ronde ».

Les résultats attendus du PDES 2022-2026

A travers la formulation et la mise en œuvre du PDES 2022-2026, le Gouvernement ambitionne d’améliorer significativement les conditions de vie des populations nigériennes, a souligné Dr Rabiou Abdou. Selon lui, l’atteinte de cet objectif final devrait se traduire par des changements transformationnels à moyen terme. « A cet effet, sur la période 2022-2026, il est attendu un taux de croissance annuel moyen du PIB de 9,3% et du PIB par habitant de 7,7% », a-t-il signifié.

« Les changements viseront l’ensemble de la population, mais cibleront en priorité les jeunes, les femmes, les populations défavorisées et marginalisée qui bénéficieront d’une meilleure capacité d’autonomisation, notamment dans les zones géographiques de pauvreté endémique », assure le ministre du Plan.

Selon ce dernier, pour assurer les changements envisagés, les actions retenues devraient répondre à des objectifs précis. Elles devraient, en effet, permettre la consolidation de la stabilité politique et institutionnelle ; le renforcement de la sécurité, de la justice et la consolidation de la paix ; l’adhésion et le changement de comportements des acteurs ; la mobilisation et l’utilisation efficiente des ressources ; l’adaptation et la résilience aux chocs (sanitaire, sécuritaire, climatique, extérieur) ainsi que l’accélération de la mise en œuvre des reformes structurantes.

Augmenter les ressources internes sans passer par une augmentation d’impôts

Au cours de la conférence de presse, le ministre des Finances, a indiqué que les projections en termes des ressources internes qui ont été faites sont basées sur les capacités de l’État à mobiliser ses ressources sur les cinq (5) prochaines années. « Aujourd’hui, en faisant abstraction de derniers chocs qui ont affecté les capacités de mobilisation des ressources de l’État, le niveau de mobilisation est autour de 90% en termes de prévisions sur un budget moyen de 3 000 milliards de FCFA pour lequel la part de ressources internes est autour de 55%. En partant sur le moyen terme, on peut se dire que c’est une projection a minima », a expliqué Dr Ahmat Jidoud.

Parlant de l’axe 3 du PDES 2022-2026 portant sur la transformation structurelle de l’économie, le ministre des Finances a souligné que la modernisation de l’économie implique l’élargissement de l’assiette fiscale. « Au Niger, le problème, ce n’est pas au niveau des impôts, mais au niveau de recouvrement des impôts existants… il faut penser à comment améliorer les capacités de l’État à mobiliser plus de ressources tout en gardant le niveau des impôts constant« , a-t-il dit.

« Nous allons élargir l’assiette fiscale, parce que nous allons réduire la taille du secteur informel. Ceux qui ne payaient pas les impôts et qui constituent un problème au secteur moderne, c’est-à-dire qui créent une concurrence déloyale et une injustice fiscale, vont contribuer à mobiliser les ressources », explique Ahmat Jidoud. « Dans cette perspective, nous pensons que les projections que nous avons faites seront très probablement dépassées dans le sens qu’au fur et à mesure que l’économie va se transformer, les ressources internes vont augmenter, sans que les impôts augmentent », conclue le ministre des Finances.

La Coordinatrice du système des Nations-Unies au Niger, Luise Aubin, a réitéré l’engagement des agences des Nations-Unies à accompagner l’État du Niger. « C’est pour répondre aux aspirations du Niger et de son peuple que le système des Nations-Unies a enclenché un processus d’élaboration d’un plan quinquennal qui, au début, cherchait à s’aligner au PDES. Les Nations-Unies auront un cadre de coopération avec le Niger pour soutenir les axes principaux et les orientations du Niger », a déclaré Luise Aubin.