Union Caisses Mutuelles du Niger : Règlements de compte sur fond de mauvaise gestion

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L’Union Caisses Mutuelles du Niger(UCMN) vous connaissez ? C’est la nouvelle appellation du Crédit mutuel du Niger (CMN), une institution de micro finance dont l’objectif est de bancariser, mobiliser et sécuriser l’épargne des populations les plus démunies en leur octroyant des petits crédits à travers divers projets de lutte contre la pauvreté.

Trésorerie inquiétante car certains clients ne peuvent plus retirer leur argent au guichet, un directeur général limogé pour cause de détournement et remplacé par un intérimaire, des agents mutés ou licenciés pour avoir dénoncé la camarilla au sein de l’institution, c’est le visage que présente aujourd’hui l’UCMN qui se meurt sous le poids de la mauvaise gouvernance  sur fond de règlements de compte.  De quoi s’agit-il ? 

Tout est parti d’une réunion des délégués du personnel  en date du 24 octobre 2019. Les représentants du personnel ont dénoncé la direction de l’UCMN relativement à sa gestion patrimoniale. Ils ont décrié preuves à l’appui des surfacturations  des frais de mission du directeur et du président du conseil d’administration (PCA), des crédits extra-procédures attribués au PCA, des avances perdiems au titre de l’année 2020 octroyés au PCA,  des perdiems exceptionnels au PCA suivis des manipulations des comptes pour assainir le portefeuille crédit de l’institution bancaire. Cette dénonciation (dont la ponction illégale par le DG d’une somme de 19 millions de francs des comptes de l’établissement) a valu au personnel  des demandes d’explications, des mises à pied, des licenciements en violation des règles en la matière.

Auparavant la direction, a pris soins de casser le mouvement en faisant la promotion de certains délégués. Mais cela n’a pas empêché au 2ème  secrétaire du conseil d’administration de l’UCMN d’attirer l’attention du directeur de la cellule micro- finances au Ministère de l’économie et des finances, à travers un courrier en date du  5 septembre 2019. « En tant que membre du conseil d’administration, nous avons reçu une correspondance des  délégués du personnel et des extraits de la comptabilité relevant de façon détaillée des manquements graves dans le fonctionnement de la structure », rapporte le 2ème secrétaire du conseil d’administration de l’UCMN.  Suite à cette dénonciation précise-t-il, « une réunion entre les délégués du personnel et les responsables de la direction a recommandé  à l’inspection interne de faire toute la lumière sur le sujet ». Le courrier indique que, « c’est le moment que choisit la direction pour suspendre puis licencier le contrôleur avant qu’il ne dépose son rapport ».  Eu égard à la gravité de cette situation, le 2ème secrétaire du conseil d’administration de l’UCMN « exhorte les responsables de la tutelle à diligenter un contrôle interne afin que des mesures idoines soient prises pour sauvegarder cet outil précieux pour les couches sociales vulnérables ».  Malgré cette alerte, l’autorité de tutelle est restée arme au pied. La direction se sentant encore plus forte met à la porte deux comptables de la boîte,  coupables selon elle de divulguer le secret professionnel. Le 29 février 2020, face au silence des autorités en charge du secteur, le  2ème secrétaire du conseil d’administration de l’UCMN, à l’issue d’un conseil d’administration extraordinaire,  n’en démord pas. Il revient à la charge et écrit au secrétaire exécutif de l’Autorité de régulation des secteurs de la micro-finance (ARSM) pour l’entretenir de la situation de l’UCMN.  « Ce jour samedi 29 février 2020 s’est tenu dans les locaux du siège de l’UCMN, un conseil d’administration extraordinaire afin de statuer sur la seule gouvernance  de l’UCMN, seul point à l’ordre du jour. Au cours dudit conseil, j’ai informé mes collègues  administrateurs de la manipulation des comptes  et des pratiques peu procédurales qui prévalent dans la caisse en l’occurrence le compte 5251 », a-t-il révélé.

Dans ce même courrier, le signataire indique que c’est face à la cécité des autres membres du conseil d’administration qu’il a fait « recours à l’autorité de tutelle afin qu’il vole au secours de l’UCMN et par conséquent protéger les dépôts des membres ».  A travers sa seconde  lettre de dénonciation avec copie au Ministre des finances  le 2ème secrétaire, a expliqué documents comptables à l’appui la supercherie par laquelle un prêt illégal de l’ordre de 25 millions de francs CFA,  a été octroyé à la caisse KAANI, mais qui n’est en réalité qu’une manœuvre bien orchestrée pour combler le détournement de 19.679.800FCFA du directeur général de l’UCMN.

Après cette lettre, le 2ème secrétaire général a été révoqué de son poste par le directeur général qui l’accuse de distiller des documents confidentiels  parce qu’au cours du conseil d’administration il a distribué aux administrateurs les preuves palpables de la fraude bien orchestrée par la direction générale pour soutirer de l’argent à l’établissement. Suite à cette lettre, un audit mené par l’ARSM a confirmé tous les cas de détournements et autres malversations faits à l’UCMN. Une plainte a été déposée à la Halcia qui s’est saisie du dossier. Certaines pesanteurs politiques qui entourent ce dossier ont fait que malgré le détournement flagrant constaté et reconnu par le directeur général, aucune poursuite judicaire n’a été engagée à son encontre. Il a été juste révoqué. Ses complices à l’image du président du conseil d’administration continuent à se la couler douce à la tête de l’UCMN qui agonise sous l’effet d’une gestion chaotique au grand dam du Ministère des finances.