Cours complémentaires : un racket à vaste échelle

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Les propos des directeurs régionaux de l’éducation de Tahoua et de Niamey ont fait le buzz ce weekend sur les réseaux sociaux et pour cause : ces deux responsables ont courageusement dénoncé des pratiques ayant cours dans le secteur de l’éducation dont, entre autres, les rackets des parents d’élèves à travers des cotisations sans fondement et la récupération voire le travestissement de l’esprit et du fonctionnement des COGES/CGDES (Comité de gestion décentralisée des établissements scolaires). 

Il est en effet courant que des enfants soient renvoyés chez eux en cas d’incapacité des parents à honorer les cotisations fixées. Ce qui constitue un traumatisme et une humiliation pour les apprenants et leurs parents.

Le débat qui été posé sur des pratiques peu orthodoxes ayant cours dans nos établissements scolaires devrait être étendu à une autre forme de racket qui s’est répandue ces dernières années notamment à Niamey, la capitale. Il s’agit de la pratique insidieuse des cours complémentaires. L’enseignant qui dispense régulièrement un cours dans une classe organise durant le weekend des cours pour soi-disant relever le niveau de ses élèves. Et tenez-vous bien, ces cours sont rémunérés et selon les calculs faits, ils rapportent à l’enseignant plus que son salaire mensuel. Cette pratique a un double impact. 

Premièrement, elle accroit la charge des parents et crée une discrimination à l’égard des enfants issus des milieux défavorisés. Du reste même les parents indigents se saignent à blanc pour trouver les frais des « cours complémentaires », puisque selon plusieurs témoignages, les élèves qui ne participent pas à ces cours du weekend ne sont pas interrogés en classe et il est probable que les aspects qui y sont traités constituent les sujets de composition.

Deuxièmement, cette pratique surcharge le temps d’étude des élèves au détriment de leur temps de loisirs. A supposer qu’un enfant dispose d’un répétiteur, il ne fera qu’étudier au cours de toute la semaine. Une question d’ordre pédagogique : comment le même enseignant peut-il, le weekend, faire comprendre à ses élèves ce qu’il n’a pas pu leur expliquer durant la semaine ? 

Après les travaux forcés initiés au cours de la colonisation, nous voici 60 années après l’indépendance dans l’ère des « cours forcés » ! Et il semble qu’il y a une omerta à ce sujet car ni l’administration scolaire encore moins les syndicats (une soixantaine dans le secteur de l’éducation) n’osent dénoncer cette pratique qui jure avec les principes d’une éducation de qualité. Pire, les « doubles enseignants » utilisent généralement les infrastructures scolaires de l’Etat notamment les classes pour s’adonner à ce racket. Un adage bien connu dit que « la chèvre broute là où elle est attachée ». Les enseignants s’adonnent-ils à cette pratique par manque de valorisation de leurs salaires ou bien créent-ils une source de prébendes car l’enseignement est par essence un secteur où il n’y a pas d’opportunité de détournement, ni de marché à octroyer pour s’attendre à une quelconque commission.

On constate très malheureusement que les enseignants qui étaient jadis les modèles dans notre société s’adonnent à des pratiques qui jurent avec l’éthique de leur métier ou tout simplement l’honnêteté car la trouvaille de « cours complémentaires » par certains d’entre eux ternit l’image de cette noble profession. Ressaisissez-vous camarades !

Saidou Arji

2 COMMENTS

  1. C’est Normal , puis que dans d’autre corpaoration, des fonctionnaires detournent impunement des milliards des fonds public et s’enrichissement de facon insolente au su et au vu de tout le monde. Plutot que d’etre condamnes, ces voleurs, se font au contraire adules par la population et les poivoirs publics . Et vous voulez dans ce contexte de detournement generalise, devenu sport national, que les pauvres ensiegnnats regardent faire sous pretxte qu’ils doivent etre un modele. Soyons serieux. Meme dans le secteur de la sante, c’est la meme choses, on fait tout payer meme la gratuite au usagers des servcies publiques, on les raquette sans que cela ne donne suite a une quelconque action de coorection. alors…

  2. En general ces cours dits de mise a niveau sont pour els enfants qui nont pas la capacite de s`offrir un repetiteur, donc c est quelquechose a encourager d autant plus que dans une classe pletorique il est impossible a l enseignant de faire comprendre a tout le monde. Je suis d avis que certains de ces enseignants balancent certains sujets de composition ou d interrogation lors de ces cours de mise a niveau et cela est a condamner
    Pour le reste la pratique devrait continuer, ca profite a tout le monde, lui l enseignant qui peut ainsi trouver de quoi completer pour subvenir a ses charges familiales, les parents d eleve qui peuvent ainsi et a bas pris ameliorer le niveau de leurs progenetures
    Ya beaucoup de choses a condamner dans le systeme educatif Nigerien mais la pratique de cour de mise a niveau est plusque positive.

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