[Opinion] Marchés publics au Niger : Un rapport d’audit met à nu les mauvaises pratiques

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Ministère des finances du Niger

Le président Bazoum a du pain sur la planche, lui qui s’est engagé à combattre la corruption au Niger. C’est le moins que l’on puisse dire, après une lecture attentive du rapport de synthèse de l’audit des marchés publics attribués au cours de l’année 2020, réalisé par deux cabinets indépendants pour le compte l’Agence de régulation des marchés publics (ARMP).

En effet, ce rapport indique que 100 marchés publics, sur quelque 368 passés au crible des auditeurs, ont été attribués, au cours de la seule année sans respect des règles prévues par les textes en vigueur. Le montant des marchés publics non conformes et pour lesquels les documents n’étaient pas disponibles lors du passage de la mission d’audit s’élève à 61,99 milliards FCFA. On peut imaginer combien quelques agents publics et politiciens véreux ont empoché par le biais de ces marchés au cours de cette année électorale 2020.

Dans les détails, on apprend beaucoup de choses ahurissantes, notamment que l’Assemblée nationale du Niger, institution chargée du contrôle de l’action gouvernementale a refusé de coopérer avec les auditeurs. Comme elle a toujours refusé, depuis plusieurs années, de coopérer avec la Cour des comptes, à laquelle elle n’a jamais soumis, au cours des 10 ans passés, le rapport d’exécution de son budget. On apprend également qu’au ministère de la Défense nationale, l’on a continué à attribuer des marchés, sans égard pour les textes.

Avec la fuite de ce rapport de synthèse de l’audit des marchés publics, qui intervient au moment où l’opinion s’interroge sur le sort réservé au rapport d’audit du Ministère de la Défense nationale, le président Bazoum n’a plus d’autre choix : soit il prend la décision courageuse de donner un coup de pied dans la fourmilière construite par son prédécesseur, Issoufou Mahamadou, soit il se résigne à éteindre tout de suite la flamme d’espoir qu’il a allumé au sein de l’opinion. Avec tous les risques que cela comporte.

Au cours des jours à venir, il faudra que nous prenions nos responsabilités de citoyen(ne)s soucieux de la préservation des biens publics ; car, cette situation n’interpelle pas seulement le président Bazoum, elle nous interpelle tous. On ne peut se taire et attendre que se produise un miracle.

Moussa Tchangari