Le Niger présente le taux le plus élevé de mariage des enfants dans le monde (rapport)

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(Image d'illustration) / Photo : LUIS TATO - AFP

Au Niger, « préparer l’avenir n’est pas chose aisée pour les filles », selon le Fonds des Nations-unies pour l’enfance (UNICEF), qui, dans son dernier rapport annuel, indique que le pays présente le taux le plus élevé de mariage des enfants dans le monde et compte près de 2,5 millions d’enfants déscolarisés.

Partout dans le monde, souligne le rapport annuel 2019 de l’UNICEF, d’autres pays font face aux mêmes défis. Malgré le recul du mariage des enfants à l’échelle mondiale, des millions de filles sont encore confrontées à ce risque. « Le Niger présente le taux le plus élevé de mariage des enfants dans le monde», peut-on lire dans le rapport de l’organisation onusienne. Selon les chiffres publiés en 2016, au Niger, une proportion choquante de 76% des filles sont mariées avant leur 18ème anniversaire, 28% d’entre elles sont mêmes devenues des épouses avant leur 16 ans.

Selon le Fonds des Nations unies pour la population, le mariage des enfants est une pratique est particulièrement ancrée dans les familles défavorisées issues de communautés rurales, souvent peu éduquées, et où les valeurs familiales traditionnelles sont très présentes. Dans son rapport final, le projet « Lutter contre les mariages précoces par l’autonomisation des filles en Afrique de l’ouest », a indiqué que les causes sous-jacentes expliquant la proportion très élevée du mariage des enfants au Niger se trouvent dans les croyances culturelles et sociales, renforcées par les conditions légales, éducatives et économiques.

Lire aussi : Conditions de vie des enfants au Niger : L’UNICEF sort des chiffres accablants

« De plus, les filles sont souvent considérées comme la propriété de leurs parents, ce qui explique que dans beaucoup de cas se sont eux qui poussent leur fille à se marier si jeune. Cela est vu comme dans l’intérêt de tous, celui de la jeune fille y compris. Omni présentes lors du mariage, les dimensions économique et sécuritaire s’ajoutent à l’idée que l’éducation n’est pas nécessaire pour les filles. De surcroît, la décision parentale est aussi basée sur la peur du déshonneur qui pourrait suivre une grossesse hors-mariage ainsi que la versatilité accompagnant les tensions civiles et les catastrophes naturelles », explique le rapport final du projet exécuté au Mali, au Niger et au Togo.

A l’instar d’autres pays, note le rapport, le Mali, le Niger et le Togo ont pris des engagements internationaux pour la lutte contre le mariage précoce et ont adopté des lois qui exigent le consentement des époux au mariage. Mais, ils ne se sont pas conformés à l’exigence d’un âge nuptial minimum des époux au mariage. Par ailleurs, on observe dans ces pays un pluralisme juridique qui se traduit par la coexistence de lois modernes et de coutumes et/ou règles religieuses. Par conséquent, dans les pratiques, les populations se réfèrent plutôt aux coutumes et aux règles religieuses qui tolèrent les mariages d’enfants, qu’aux lois qui n’ont que peu d’influence dans leur vie quotidienne.