Guinée – Dissolution du FNDC: « le pouvoir franchit un nouveau cap dans la répression de la société civile indépendante »

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Des membres des forces de sécurité font face à des manifestants, le 24 octobre 2019 à Conakry. Archives, Saliou Samb, Reuters

Alors que les dirigeants guinéens interdisent les manifestations et ont annoncé la dissolution du FNDC, plusieurs organisations de défense des droits de l’homme sont montées au créneau pour dénoncer ce qui se passe dans le pays dirigé par une junte militaire.

« L’espace de la société civile ne cesse de se réduire en Guinée, où la junte militaire au pouvoir a dissous le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), franchissant ainsi une nouvelle étape dans la répression de toute voix discordante », ont indiqué dans une déclaration conjointe, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains, AfricanDefenders et Tournon la Page (TLP).

En effet, le 6 août dernier, Ministre guinéen de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé, a annoncé la dissolution du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) au motif que celui-ci organiserait des manifestations armées sur la voie publique et qu’il ne figure pas parmi les organisations non gouvernementales agréées dans le pays. Une décision qui a suscité l’indignation de plusieurs autres organisations dans et en dehors du pays.

Les différentes organisations « dénoncent cette escalade de la répression et appellent les autorités à annuler cette décision et à garantir les droits à la liberté d’association, de réunion pacifique et d’expression dans le pays. Cette dissolution est intervenue sans notification préalable et sans possibilité pour le FNDC d’y apporter des observations ou contestations. Cette décision intervient alors que le FNDC vient d’annoncer la reprise des manifestations après une trêve infructueuse demandée par Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui devait permettre une issue favorable à la crise opposant le FNDC aux autorités guinéennes depuis des mois ».

« Le FNDC est un mouvement citoyen créé en avril 2019 pour protester contre la volonté du Président Alpha Condé de modifier la Constitution guinéenne ou d’en adopter une nouvelle afin de pouvoir briguer un troisième mandat. En dépit de l’adoption d’une nouvelle Constitution en mars 2020 qui a permis la réélection d’Alpha Condé en octobre de la même année, les activistes du FNDC ont poursuivi leur combat pour la démocratie », estiment les organisations signataire de la déclaration.

« Les organisations signataires rappellent que cela fait plusieurs mois que la junte militaire au pouvoir en Guinée cible le FNDC et ses membres dans une volonté manifeste de réduire le mouvement contestataire au silence et d’entraver toute mobilisation citoyenne. Le 30 juillet dernier, les leaders du FNDC MM. Oumar Sylla et Ibrahima Diallo ont été brutalement arrêtés suite aux manifestations violemment réprimées des 28 et 29 juillet 2022 organisées par le FNDC, causant la mort de plusieurs manifestants. Les deux activistes ont depuis été inculpés pour « participation délictueuse à un attroupement », « coups et blessures volontaires », « association de malfaiteurs », « entrave à la liberté de circulation », « complicité », « incendie et pillage » et « destruction de biens privés » et ont été placés sous mandat de dépôt à la maison centrale de Conakry où ils sont actuellement arbitrairement détenus », soutient la déclaration.

« Les organisations signataires déplorent ces nouveaux actes de harcèlement à l’encontre du FNDC et de ses membres et appellent la junte militaire au pouvoir à révoquer la décision de dissolution du FNDC et à libérer immédiatement Oumar Sylla et Ibrahima Diallo ainsi que tous les défenseurs des droits humains arbitrairement détenus en Guinée et à abandonner toutes les charges à leur encontre. De plus, les organisations signataires appellent la junte militaire au pouvoir à garantir les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association dans le pays, conformément aux engagements internationaux de la Guinée, notamment au titre des Articles 19, 21 et 22 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et des Articles 9, 11 et 10 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ».