Rentrée scolaire 2022-2023 au Niger : le programme « zéro classe en paillote », un mirage !

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Incendie dans une école à Niamey

Le 13 avril 2021, 23 salles de classe en paillote de l’école primaire de « Pays-Bas » (un quartier de Niamey) ont pris feu, tuant 25 enfants, en majorité des apprenants de moins de 5 ans. Un drame qui a suscité beaucoup d’indignations et consternations au Niger et au-delà des frontières. Des voix se sont donc élevées pour pointer la responsabilité de l’État. Moins d’un an après, en novembre 2021, un drame similaire va se produire à l’école maternelle et primaire sise dans l’enceinte de l’Association des femmes du Niger (AFN) à Maradi, la capitale économique du Niger. 28 enfants seront tués, laissant tout un peuple dans la désolation.

Même si c’est le destin, comme le laisse entendre certains fatalistes, ces drames sont intolérables dans un pays où les plus hautes autorités prétendent faire de l’éducation leur priorité. Lors de sa prise de fonctions en 2021, le président de la République a dit faire de l’école sa priorité. Dans cette dynamique, il a rencontré dès ses premiers d’exercice les acteurs de l’éducation devant lesquels il a décliné sa vision pour une école de qualité qui passe par la valorisation de la fonction enseignante et les investissements dans des infrastructures modernes et de qualité. Un après, le fossé reste encore très grand entre la vision du chef de l’État et les réalisations.

Selon les chiffres que nous avons pu recueillir, dans la ville de Niamey, il existe au total plus de 1.000 salles de classe en paillotes. Pour faire face à la situation, les autorités municipales ont initié en juillet 2022 une table ronde au cours de laquelle elles ont lancé le programme « Zéro classe en paillote pour la rentrée 2022-2023 », évalué à plus de 1 milliard de fcfa. Placée sous la présidence du premier ministre-chef du Gouvernement, cette table ronde a connu la présence des partenaires techniques et financiers du Niger, notamment l’UNESCO, l’UNICEF et l’Union Européenne. Séance tenante, les partenaires ont annoncé leur participation au programme à hauteur de 140 millions de fcfa.

Deux mois plus tard et à quelques jours de la rentrée scolaire, dans un contexte de fortes intempéries, rien ne semble être encore mis en œuvre, bien que les partenaires financiers aient déjà débloqué leur participation. Chaque année, selon une source, la municipalité de Niamey inscrit dans ses comptes 800 millions de fcfa comme investissement pour la construction de salles de classe. Dans la réalité des faits, cet investissement apparaît comme un fantôme invisible à l’œil humain. Fort de ce constat, le programme « zéro classe en paillote » est en passe de devenir une sorte de ligne d’horizon qui s’éloigne à mesure qu’on s’en approche.

Selon nos informations, jusqu’au moment où nous mettons cet article sous presse, la municipalité ne Niamey n’a encore rien déboursé pour la mise en œuvre du programme « zéro classe en paillote ». Sur les 140 millions de fcfa débloqué par les partenaires, c’est silence radio. Dans son programme d’action 2022, le Gouvernement nigérien a annoncé la construction de 680 classes en matériaux définitifs. À cet effet, près de 20% le budget d’État exercice 2022 (environ 577 milliards de fcfa) est consacré au secteur de l’éducation. Qu’est-ce qui peut bien donc encore empêcher ou du moins retarder les travaux de construction de salles de classe en matériaux définitifs au Niger, notamment à Niamey, la capitale ?

Le comité mis en place pour le suivi de la mise en œuvre du programme « zéro classe en paillote » brille par son silence et son inactivité. À la veille de la rentrée scolaire, la section lycée et collège de l’Union des scolaires nigériens a interpelé le président de la République, Mohamed Bazoum, et lui rappelle son engagement.