Niger : l’artiste Warren Saré expose sur les Tirailleurs

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Portraits des anciens combattants réalisés par l'artiste Warren Saré/L'Evénement-Niger

L’artiste burkinabè Warren Saré expose ses œuvres photographiques sur les Tirailleurs, les soldats africains qui se sont battus pour la France. Le vernissage a eu lieu ce mardi 13 juin 2023 au Centre Culturel Franco-Nigérien Jean Rouch de Niamey et l’exposition continue jusqu’au 30 juin.

A travers une série de portraits, le photographe essaie de retracer et de mieux faire connaître l’histoire de ces « soldas oubliés », en d’autre termes de « rendre visibles les invisibles ».

Warren Saré a sillonné l’Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Bénin, Mali, Niger, Côte d’Ivoire, Sénégal, Guinée Conakry) et un peu la France à la recherche des anciens combattants qui ont marqué l’Histoire de la France et de l’Afrique. Depuis 19 ans, de village en village, il mène ses investigations pour retracer leurs portraits afin de pouvoir les présenter aux jeunes générations d’Afrique et d’Europe. L’objectif étant d’entretenir le devoir de mémoire.

Se définissant comme un passeur de mémoire. Warren Saré estime que l’art photographique est un outil pour le passage des objets de mémoire d’une génération à l’autre. Et, les expositions sont un moment importants de transmission de cette mémoire, soutient-il. Depuis 2005, il a rencontré plus de 400 anciens combattants, il a recueilli leur témoignage et les a photographiés, parfois dans leurs uniformes de guerre. Il a aussi photographié des objets qui, pour lui, participent à cet effort de transmission d’histoire.

Prenant la parole lors de la cérémonie du vernissage de son exposition, l’artiste a souligné l’envie qui l’animait depuis son bas age à écrire l’histoire de siens, l’histoire de l’Afrique.

« Depuis mon jeune age, j’ai toujours voulu écrire. J’ai toujours dit à mes amis que si j’ai été à l’école, j’aurais été un historien. Pour écrire l’histoire de nos familles. Et je me suis rendu compte, un moment, qu’avec mon appareil photo, je pouvais écrire cette histoire que je voulais écrire si j’ai été à l’école », a-t-il raconté.

Le photographe Warren Saré lors du vernissage de son expo à Niamey/L’Evénement-Niger

Selon lui, cela fait huit ans qu’il rêvait d’exposer au Niger cette histoire qu’il a pu écrire à travers son appareil photo. Il se réjouit ainsi de pouvoir réaliser ce rêve aujourd’hui. L’occasion aussi pour l’artiste de revenir sur ses débuts difficiles en photographie pour que, dit-il, certains de ses collègues qui le voient aujourd’hui « en face de ces autorités », sachent que « c’est le fruit de travail et de l’amour de travail, la passion et l’humilité ».

Une illustration de la force des souvenirs…

Pour l’ambassadeur de France au Niger, SEM Sylvain Itté, « cette exposition est le reflet du remarquable travail accompli par Warren Saré pour recueillir le témoignage de ceux qui ont payé le prix du sang dans les conflits dans lesquels la France était engagée ». « Leurs récits, leur vie sous le drapeau tricolore et leurs combats ont été ceux de la France », ajoute SEM Sylvain Itté.

Il soutient que la présente exposition vise aussi à « placer chacun de ces portraits d’anciens combattants au centre de ce qui fait notre Histoire commune ». « Ainsi, poursuit M. Itté, ces visages marqués par ces épisodes singuliers de leur vie, nous rappellent de manière remarquable combien la France leur est redevable car ils ont écrit l’Histoire avec un grand H qui n’est, à bien y réfléchir, que la somme de chacune de celles, individuelles, qui lui confèrent sa dimension humaine ».

SEM Sylvain Itté, Ambassadeur de France au Niger/L’Événement-Niger

Le diplomate français estime qu’au-delà de l’hommage qu’il est « juste » de rendre à chacun de ces soldats, Warren Saré a brillamment réussi à mettre en lumière la part de mémoire que l’Afrique et la France ont en commun. « Ces portraits illustrent la force des souvenirs et le devoir que les générations qui leur ont succédé ont, de maintenir vive leur mémoire en rappelant combien le passé, le présent et l’avenir sont liés », renchérit Sylvain Itté.

« Le sang de ces héros anonymes a permis de maintenir la flamme de la liberté et de l’indépendance de la France. Il faut le reconnaitre, il faut le dire, il faut l’écrire ! », déclare le chef de la diplomatie française au Niger. « Pour cette raison et à jamais la France porte en elle une part d’Afrique et le continent africain une part de France », a-t-il dit.

Il faut noter que pour ce travail artistique mémoriel qu’il mène depuis très longtemps ainsi que pour l’ensemble de ses travaux au service de la communauté et de la jeunesse, Warren Saré a été fait Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres du Burkina Faso. En 2010, l’artiste a créé « le centre photographique d’Ouagadougou » dont il est le directeur et dont l’ambition est d’offrir un espace de travail et de dialogue aux jeunes créateurs.