Le Niger abrite le Forum Africain sur la Réduction des Risques en Matière d’Investissement et de Commerce pour les MPMEs

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En prélude au sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine sur la ZLECAF et celui de l’Industrialisation et la diversification économique de l’Afrique, le Niger abrite du 21 au 22 novembre 2022 le forum africain sur la réduction des risques en matière d’investissement et de commerce pour les Micros, Petites et Moyennes Entreprises (MPMEs).  

L’objectif de ce forum est de réfléchir et de produire des solutions concrètes pour réduire les risques liés à l’investissement et au commerce pour les MPMEs, dans le but final de libérer pleinement leur potentiel afin de participer à la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), à la création d’emplois et à assurer une participation effective des femmes et des jeunes aux activités économiques. Il est coorganisé par le Fonds de Solidarité Africain (FSA), la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA), le Fonds Africain de Garantie et de Coopération Economique (FAGACE), l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique (ATI – ACA) et le Fonds Africain de Garantie (AGF).

Au cours de la cérémonie d’ouverture du forum qu’il a présidée, le premier ministre nigérien, Ouhoumoudou Mahamadou, a indiqué que les MPMEs sont un puissant instrument de réduction de la pauvreté et des inégalités sociales, par la promotion de l’entreprenariat des femmes et des jeunes et des autres groupes vulnérables de la société. « Dans les pays sahéliens particulièrement exposés aux chocs climatiques, les MPMEs sont les champions de la production agricole, secteur dans lequel les femmes participent activement à la transformation des produits agricoles locaux, réduisant ainsi l’inégalité du genre par la promotion de l’entreprenariat féminin », a-t-il déclaré.

Cependant, le chef du Gouvernement a relevé que le potentiel de création de richesses des MPMEs n’est pas totalement libéré, à cause de multiples obstacles auxquels elles font face. Les plus communément cités sont, selon lui, l’accès limité aux financements en raison des taux d’intérêts élevés ou de garanties conséquentes, limitant leur compétitivité et leur capacité de développement ; la faiblesse de revenus, en lien avec la faiblesse des prix de vente, des coûts élevés des facteurs, entrainant une faible qualité des produits et services produits ; le degré élevé d’informalité ; des compétences limitées, notamment dans la production de la documentation que demandent les institutions financières, limitant leur accès au crédit ; l’asymétrie d’information, en lien avec une indisponibilité des états financiers et de l’historique de crédits de ces entreprises ; ainsi que des barrières culturelles et sociales pour les femmes chefs d’entreprises limitant leur accès aux financements.  

Ce sommet, dont le thème est « la réduction du risque d’investissement et de commerce des MPMEs », vise donc à réfléchir sur des perspectives face à ces obstacles afin que les MPMEs puissent libérer pleinement leur potentiel. Ouhoumoudou Mahamadou de souligner, en ce sens, les efforts consentis par l’Etat, à travers notamment la création des « mécanismes financiers innovants et modernes », par le gouvernement nigérien, afin de répondre aux défis de financement des MPMEs. Il s’agit du Fonds d’Investissement pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (FISAN) créé en 2017 ; du Fonds de Développement de l’Inclusion Financière (FDIF) créé en 2020 et du Fonds National d’Appui aux Petites et Moyennes Entreprises et Petites et Moyennes Industries (FONAP) créé en 2021.

« Ces trois fonds d’investissement sont les moyens du Gouvernement en matière de financement de l’agriculture, de l’inclusion financière et des PME/PMI au Niger. Leurs mécanismes d’intervention font largement appel à l’atténuation des risques d’investissement et de commerce, portés par les MPMEs, notamment les garanties de crédits, les récépissés d’entrepôt et le warrantage etc », a expliqué le premier ministre. A cet effet, il a exhorté les institutions organisatrices du forum à utiliser ces mécanismes dans le cadre de leur initiative de faire du Niger un pilote de leurs interventions conjuguées en matière de sécurisation des investissements et du commerce des MPMEs.

« L’Afrique peut et doit se relever »

Dans son allocution, le Directeur Général du Fonds de Solidarité Africain (FSA), Ahmadou Abdoulaye Diallo, s’est appesanti sur l’esprit de mutualisation des actions qui doit caractériser les décideurs du continent africain pour le développement de ce dernier.

« L’Afrique est considérée comme le continent le plus pauvre du monde et beaucoup se plaisent à ressasser, souvent avec exagération et commisération, les crises sécuritaires, alimentaires et politiques qui s’observent dans certaines zones de notre Continent. Pourtant, l’Afrique peut et doit se relever », a affirmé Ahmadou Abdoulaye Diallo. « Elle le fera avec nous tous, ses filles et fils, qui avons foi dans un avenir merveilleux et sommes décidés à rehausser les manches, à travailler d’arrache-pied, à consolider nos institutions et à renforcer nos pratiques en matière de gouvernance, d’éducation, d’accès aux ressources financières et de sécurisation de nos territoires », a-t-il assuré. Selon lui, c’est cet esprit de solidarité, de coordination et d’unité dans l’action qui est à la base de l’organisation de ce forum. 

Par ailleurs, au regard du rôle majeur des MPMEs dans le développement industriel et face aux défis auxquels elles sont confrontées, le Directeur Général du FSA estime qu’il est crucial que les décideurs ainsi que les partenaires et les financiers africains unissent leurs efforts pour libérer pleinement le potentiel de ces entreprises qui sont vitales pour l’avenir des économies du continent en améliorant l’environnement des affaires, en renforçant leurs capacités et leur accès au crédit.

Ahmadou Abdoulaye Diallo de réitérer l’engagement du FSA à accompagner le développement de l’Afrique. « Cet engagement est d’autant plus affirmé aujourd’hui que le FSA a fermement inscrit ses activités dans la réalisation de l’agenda 2063 de l’Union Africaine et que le Fonds est en train d’élargir sa base actionnaire pour avoir en son sein tous les Etats africains et ainsi servir ce continent que nous chérissons tous », a-t-il affirmé.

La BADEA aux côtés du Niger

Pour sa part, le Directeur Général de la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA), Dr. Sidi Ould Tah, a rappelé les différents efforts et engagements de son institution en faveur du développement des MPMEs africaines.

« La BADEA a adopté il y a deux ans une nouvelle stratégie appelée BADEA 2030, dont les cadre pilier comporte le développement des petites et moyennes entreprises avec un accent particulier sur l’autonomisation des femmes et l’entreprenariat des jeunes. C’est ce qui explique l’importance que la BADEA accorde pour cette rencontre aujourd’hui qui, pour nous, constitue le point de départ d’un partenariat en faveur du développement des MPMEs en Afrique », a affirmé le Directeur Général de la BADEA.

Le Directeur Général de la BADEA a également saisi l’opportunité pour exprimer la disponibilité de son institution à continuer à accompagner le Niger dans la mise en œuvre de ses plans nationaux du développement. « Dans ce cadre, la BADEA est actuellement en cours de préparation de la table ronde du financement du PDES du Niger, prévue à Paris en début du mois de décembre 2022 », a-t-il fait savoir.  

Par la même occasion, Sidi Ould Tah, a annoncé qu’une mission technique de le BADEA est actuellement à Niamey pour matérialiser l’engagement pris à New York par rapport au financement de 100 internats conformément aux priorités du Président du Niger. Selon lui, « cette mission examinera aussi un programme conjoint avec la Banque Islamique du Développement et du Fonds Saoudien du Développement pour le financement des classes pour le ministère de l’éducation nationale du Niger ».

Pour le ministre nigérien des finances, Dr. Ahmat Jidoud, l’organisation de ce forum constitue une « innovation supplémentaire et une preuve de synergie d’interventions entre les institutions financières, publiques comme privées, visant à soutenir les MPMEs africaines ». C’est pourquoi, il fonde l’espoir que les leçons tirées de la phase pilote de la présente initiative des institutions financières africaines de garanties « seront assurément une source d’inspiration pour nos Fonds d’investissement, et permettront sans doute aux institutions financières d’accroitre leurs financements en faveur des MPMEs nigériennes ».

A noter que l’organisation de ce forum entre dans le cadre de la semaine dédiées à l’industrialisation et à la diversification économique de l’Afrique, mais également dans la Coalition Globale pour les MPMEs africaines lancée par la BADEA en juin 2022. Cette dernière se veut un cadre de concertation et d’actions pour que tous les acteurs conjuguent leurs efforts en faveur de renforcement des capacités et d’un meilleur accès au marché et au financement pour les MPMEs en Afrique.