Covid-19 : les pays en développement toujours privés de vaccins, alerte l’OMS

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Photo Université d'Oxford/John Cairns | Le vaccin contre le coronavirus développé par l'Université d'Oxford a montré son efficacité.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dénoncé, vendredi, la distribution non équitable des premiers vaccins contre la Covid-19 au détriment des pays et des populations les plus vulnérables.

Dans la mise à disposition et la distribution des vaccins contre la Covid-19, de nombreux pays développés ne respectent pas la règle de l’équité et de la solidarité. Sur les 42 pays qui déploient actuellement des vaccins sûrs et efficaces contre le virus, 36 sont des pays à revenu élevé et six sont des pays à revenu intermédiaire, a précisé l’OMS

D’entrée de jeu, les pays riches ont acheté la majorité de l’approvisionnement en vaccins multiples, laissant peu de place  ceux plus pauvres. « Le problème est donc évident que les pays à revenu faible ou intermédiaire ne reçoivent pas encore le vaccin », a alerté le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’un point de presse depuis Genève.

Selon lui, ce problème peut et doit être résolu « ensemble » grâce à l’Accélérateur ACT – le dispositif mis en place par l’OMS et ses partenaires pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la Covid-19 – et au COVAX – le pilier de ce même dispositif qui permet d’accélérer la mise au point et la production d’un vaccin efficace dont tous les pays pourront bénéficier.

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Plusieurs pays développés s’étaient pourtant engagés à travers ces deux mécanismes à assurer un accès équitable aux outils contre la Covid-19, notamment aux vaccins une fois homologués. Mais « maintenant, nous voyons également des pays à revenu élevé et intermédiaire, qui font partie du COVAX, conclure des accords bilatéraux supplémentaires », a signalé le Dr. Tedros. « Cela fait potentiellement grimper le prix pour tout le monde et signifie que les personnes à haut risque dans les pays les plus pauvres et les plus marginalisés ne reçoivent pas le vaccin », a-t-il prévenu.

Par ailleurs, certaines entreprises et certains pays n’ont pas soumis à l’OMS des données d’importance vitale concernant la production et la disponibilité de vaccins ce qui bloque l’ensemble du système d’approvisionnement et de livraison, a ajouté le chef de l’agence onusienne. « Le nationalisme vaccinal nous fait tous mal et est autodestructeur », a rappelé le Dr. Tedros.

Vaccins : les accords bilatéraux doivent cesser

Le chef de l’OMS a rappelé qu’une vaccination menée de manière équitable permet de sauver des vies, de stabiliser les systèmes de santé et conduirait à une reprise économique véritablement mondiale qui stimule la création d’emplois. « Surtout, cela nous aiderait également à limiter les chances de mutation du virus », a-t-il dit. Il a souhaité que les fabricants de vaccins donnent la priorité à l’approvisionnement et au déploiement de ces derniers via le COVAX.

« J’exhorte les pays qui ont contracté plus de vaccins qu’ils n’en auront besoin et qui contrôlent l’approvisionnement mondial, à en faire également don et à les remettre immédiatement au COVAX, qui est aujourd’hui prêt à être déployé rapidement », a également dit le Dr. Tedros. « Et j’exhorte les pays et les fabricants à cesser de conclure des accords bilatéraux aux dépens du COVAX », a-t-il ajouté.

Selon le Dr Tedros, aucun pays n’a le droit de « couper la file d’attente » pour faire vacciner toute sa population avant les autres alors que certains restent sans approvisionnement en vaccin. « La science a produit des résultats, ne gâchons pas l’occasion de protéger la vie des personnes les plus exposées et de garantir que toutes les économies ont une chance équitable de se redresser », a-t-il dit. « L’heure est venue de fournir équitablement les vaccins ! »

ONU Info