Réagissant à l’interdiction faite à trois activistes africains ressortissants de la Communauté économique des états d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) d’entrer au Togo pour participer au lancement des activités d’un mouvement citoyen pro-démocratie, Marceau Sivieude, directeur régional adjoint pour l’Afrique de l’Ouest et centrale à Amnesty International, a déclaré :
« Cette inacceptable interdiction montre jusqu’où les autorités togolaises sont prêtes à aller pour s’opposer à tout suivi indépendant de la situation des droits humains. L’interdiction faite à ces trois activistes s’inscrit dans un contexte socio-politique tendu à quelques mois de l’élection présidentielle qui pourrait permettre au président sortant Faure Gnassingbe, suite à la révision constitutionnelle du mois de mai dernier, de briguer un quatrième mandat.
Ces trois activistes doivent jouir de leur liberté de circulation dans l’espace communautaire d’Afrique de l’Ouest. Cette interdiction qui leur est faite s’inscrit dans un contexte socio-politique tendu à quelques mois de l’élection présidentielle qui pourrait permettre au président sortant Faure Gnassingbe, suite à la révision constitutionnelle du mois de mai dernier, de briguer un quatrième mandat.
Les autorités devraient œuvrer à mettre en place un climat de confiance en respectant et promouvant les droits de tous, y compris des individus participant aux mouvements pro-démocratie. Nous les appelons à respecter leurs engagements internationaux et régionaux en protégeant les libertés d’expression, d’association et de circulation des activistes et défenseurs des droits humains et de respecter la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits humains. »
Pour rappel…
Le 15 octobre 2019, les autorités togolaises ont interdit à des membres de la Campagne internationale Tournons la Page (TLP), Maikoul Zodi, Karim Tanko et Alexandre Didier Amani, citoyens de pays membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) d’entrer dans le pays. Ils devaient participer à l’adhésion du Front Citoyen Togo Debout (FCTD) et de la Synergie de l’Intelligentsia pour des Actions en faveur des Droits de l’Homme (SIADH) au mouvement TLP qui regroupe neuf pays et ambitionnait de faire du Togo le 10e membre de cette coalition.
Le coordonnateur TLP de la Cote d’Ivoire Alexandre Didier Amani a été bloqué à l’aéroport d’Abidjan, les agents de la compagnie aérienne ayant reçu un courrier demandant de ne pas l’autoriser à embarquer dans le vol. Maikoul Zodi, le coordonnateur de TLP au Niger et Karim Tanko qui ont choisi d’arriver par la route ont été escortés par la police à Cotonou au Bénin après avoir été bloqués à la frontière entre ce pays et le Togo. La police des frontières a évoqué « des raisons d’Etat ».