Situation « désastreuse » au Niger : le parti AMEN-AMIN annonce une marche d’envergure

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Conférence de presse du parti AMEN-AMIN à Niamey

A l’occasion du 7e anniversaire de sa création, le parti politique de l’opposant Omar Hamidou Tchiana a rendu public, le 30 juillet 2022, une déclaration dans laquelle il a présenté un tableau sombre de la situation socio-économique et politique du Niger. L’Alliance des Mouvements pour l’Emergence du Niger (AMEN-AMIN) envisage, dans les prochaines semaines, l’organisation d’une marche d’envergure pour dénoncer les travers du régime.

Le Bureau Politique National du parti AMEN-AMIN a brossé une situation non reluisante du Niger, caractérisée, selon sa déclaration rendue public, par une « oligarchie qui brille dans la corruption, le trafic de drogues, le détournement de deniers publics, l’injustice, etc. ». Pour l’instance dirigeante du parti, cette situation est surtout marquée par « l’usurpation du pouvoir de la dernière élection présidentielle » avant de relever que « Notre pays est à la croisée des chemins », soulignant qu’aujourd’hui, « les Nigériens, du plus jeune au plus vieux, de toutes conditions, souffrent de la situation socio-économique désastreuse du pays ».

Dans sa déclaration, le parti a fait constater que « la famine, la soif, la maladie, l’injustice, le chômage sont le quotidien des familles qui ne sont pas du sérail rose ». Il a par ailleurs évoqué la mort de plusieurs personnes, causée par les récentes inondations ayant occasionné de nombreux blessés graves et des sinistrés « dont les familles, sans abris, sont laissées à elles-mêmes », indiquant que les rares victimes qui reçoivent l’assistance de l’Etat, c’est grâce à leur coloration politique.

Le parti a aussi déploré l’état actuel de l’hôpital qui est à bout de souffle et qui ne tient que grâce à l’altruisme des agents de santé. « L’école est à genoux, dans des classes en paillotte, les enfants sont assis par terre sur des sacs en jute, les enseignants sont sans craie, les conseillers pédagogiques à pied » a-t-il fustigé.

L’accentuation de l’insécurité

Le plus grave des maux qui maintiennent le pays dans cette situation, estime le BPN/AMEN-AMIN, « est certainement l’incapacité du gouvernement à juguler l’insécurité pour laquelle le Niger paie un lourd tribut et qui menace même l’existence de la Nation Nigérienne ». En effet, explique-t-il, « pas une semaine ne s’écoule sans son lot de dizaines de morts, de rançonnés et de milliers de déplacés dans la quasi-totalité des régions du pays ».

Toutefois, le parti a tenu à saluer et féliciter les Forces de défense et de sécurité « qui se battent dans des conditions difficiles, souvent au péril de leur vie, mais toujours avec courage ». Malheureusement, souligne la déclaration, « en raison de la hantise des coups d’Etat de cette oligarchie, qu’elle appelait pourtant de tous ses vœux dans un passé très récent, notre armée a été clanisée et dévirilisée et les officiers valeureux, pouvant vaincre le terrorisme, sont mis au placard », regrette le parti. « Au lieu d’opter pour une stratégie gagnante en recrutant suffisamment de soldats et en les équipant de manière adéquate, la mafia rose a fait le choix de recevoir au Niger des forces armées déclarées indésirables au Mali », ajoute-t-il.

Poursuivant sa déclaration, AMEN-AMIN a tenu à saluer « les autorités et le peuple frère du Mali pour avoir pris leur destin en main, pour les victoires éclatantes sur les terroristes et pour la solidarité avec laquelle, ils ont surmonté dignement les sanctions de la CEDEAO imposées de l’Occident ».

La force Barkhane sommée de quitter le territoire nigérien

« Pour le malheur de notre peuple, la force française Barkhane, incapable de vaincre le terrorisme au Sahel, se distingue dans l’assassinat de nos compatriotes », a déclaré le BEN/AMEN-AMIN. « Après l’assassinat des jeunes manifestants pacifiques à Téra en novembre 2021, Barkhane a encore provoqué la mort d’autres Nigériens à Ayérou et à Karma et a encore fait des victimes hier à Dosso sans qu’aucun des auteurs des crimes ou délits ne soit traduit en justice, car protégés par le gouvernement complice », appuie-t-il.

Le parti dit condamner « fermement » ces agissements de la force française au Niger et exiger la justice pour les victimes, mais aussi « le départ sans délai de Barkhane du territoire nigérien pour qu’elle ne tue plus d’autres nigériens ».

Le harcèlement fiscal des entreprises et l’injustice

Le Bureau National Politique du parti AMEN-AMIN a également évoqué un manque de vison et l’inaction du gouvernement qui, selon lui, ont conduit à la destruction de l’économie « par des politiques fiscales hasardeuses et inadaptées ». « Les entreprises nigériennes sont harcelées et saignées par le fisc, souvent en représailles à leur engagement politique », indique le parti, illustrant que « les marchés sont distribués à tire-larigot exclusivement à leurs militants et aux bailleurs de fond de leur campagne, comme en atteste le marché de plusieurs dizaines de milliards octroyé au pourvoyeur de leur avion de campagne des dernières élections générales ».

« Pendant que les opposants croupissent en prison pour avoir dénoncé le hold-up de l’usurpateur, ce dernier soustrait ses affidés des griffes de la justice comme le cas du principal instigateur du détournement de 75 milliards du Ministère de la Défense qui nargue les Nigériens dans les Médias », souligne la déclaration.

Un recul démocratique

Dans sa déclaration, le BPN/AMEN-AMIN a indiqué que depuis plusieurs années, le Niger connait un véritable recul démocratique. Et ce, « du fait de l’inféodation des membres des institutions en charge du processus électoral à cette oligarchie qui fausse le jeu démocratique ». Il estime que la démocratie a été abimé par les autorités en place, « en mettant sous coupe-réglée, toutes les institutions de la République ». Ces dernières, souligne le parti, « sont d’ailleurs partagées selon une connivence qui relève même de la collusion ».

Appuyant ces propos, le parti a affirmé que « les élus des collectivités territoriales subissent quotidiennement les menaces, les intimidations et les tentatives de corruption des mousquetaires et leurs valets commis pour la perfide besogne ». L’enjeu de « cette vile manœuvre », explique-t-il, résulte de la confiscation des libertés publiques « par le biais des maires qui interdisent systématiquement toutes les manifestations dans un pays dit démocratique, de crainte de révocation en conseil des ministres ». Une situation maintenue depuis 2018, selon le parti qui dit être engagé à ne jamais l’accepter pour sauver la démocratie.

Une marche d’envergure projetée dans les prochaines semaines

« C’est non, nous ne l’accepterons plus. Nous devons nous battre pour la grandeur du Niger, pour la démocratie et pour nos droits, au risque d’être réduits à une vie misérable, sans honneur dans notre propre pays », a déclaré le BPN/AMEN-AMIN, soutenant que « ce combat, nous devons le gagner, car il est noble ». Selon le parti, il n’y a pas d’autre choix, ni une autre alternative que de le gagner.

Et pour y parvenir, le parti dit être engagé à le mener « avec tous les Nigériens déterminés d’ici et de la Diaspora, au-delà de toute considération partisane ». Pour ce faire, le BPN/AMEN-AMIN appelle tous les Nigériens à prendre part à une gigantesque manifestation qu’il projette d’organiser dans les prochaines semaines. « La première liberté démocratique est celle d’expression, nous organiserons, Plaise à Dieu, dans les prochaines semaines, la plus grande manifestation jamais tenue au Niger, qui par son gigantisme, aucune force ne saura réprimer », a annoncé le parti de l’opposition.

Par ailleurs, il a indiqué que « pour une meilleure organisation des manifestations pour notre liberté, une plate-forme sera mise en place très prochainement », tout en invitant les « compatriotes qui aspirent à une vie meilleure, à un Niger prospère, à une justice équitable et à la victoire du bien sur le mal, à s’y inscrire ».