Le 26 mars 2021, le journaliste d’investigation Moussa Aksar, Directeur de Publication du journal « L’Évènement Niger » et Président du Conseil d’Administration de la Cellule Norbert Zongo pour le Journalisme d’Investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) va comparaître devant un Tribunal de Niamey pour son enquête sur les malversations financières au ministère de la Défense nationale du Niger. Il est poursuivi pour diffamation, et il encourt une lourde peine d’amende.
L’enquête publiée par Moussa Aksar le 20 septembre 2020 est basée sur des rapports d’activités suspectes de l’Unité de renseignement du Trésor américain et le Réseau de lutte contre la criminalité financière, connu sous le nom de « FinCEN ». Cette enquête est réalisée dans le cadre du projet international d’investigation dénommé « FinCEN Files » qui a réuni des journalistes de près de 90 pays, sous la coordination du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) basé à Washington aux États-Unis. Dans l’équipe y figurent y 20 journalistes africains qui ont travaillé sous le lead de la CENOZO basée à Ouagadougou au Burkina-Faso.
Dans son article intitulé « FinCEN Files – Malversations au ministère nigérien de la Défense : 71,8 milliards de francs CFA captés par des seigneurs du faux », Moussa Aksar a montré comment de hauts responsables de l’armée et proches du pouvoir sont impliqués dans le détournement de fonds destinés à l’acquisition de matériels militaires. Trois mois après sa publication, il est assigné à comparaître pour diffamation.
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Le 08 janvier 2021, Moussa Aksar a fait l’objet d’une première assignation à comparaître devant un Tribunal de Niamey, mais l’audience n’a pas eu lieu, le dossier n’ayant pas été enrôlé et le plaignant et ses avocats étant absents. Le 05 mars 2021, il est de nouveau assigné à comparaître pour le même motif, mais encore une fois, l’audience n’a pas eu lieu pour vice de procédure, l’acte d’assignation n’étant délivré dans le délai requis par la loi.
La CENOZO et Médias & Démocratie notent que les assignations répétées du journaliste d’investigation Moussa Aksar est un acharnement et une tentative d’intimidation. Nous appelons les autorités nigériennes à respecter le droit à la liberté d’expression, conformément à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par la République du Niger.
En outre, conformément aux normes internationales auxquelles le Niger a librement adhéré, la CENOZO et Médias & Démocratie exhortent les autorités nigériennes à protéger le journaliste d’investigation Moussa Aksar qui a fait l’objet de menace de mort pendant qu’il menait ses investigations et dont la plainte devant la justice est restée sans suite jusqu’à ce jour.