Afrique – Sécurité : Au Sahel, les stratégies de stabilisation s’enlisent (rapport)

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MINUSMA / Un hélicoptère de la MINUSMA survolant le Mali, pays africain de la région du Sahel.

International Crisis Group a publié ce 1er février 2021 son rapport Afrique n°299 intitulé : « Réordonner les stratégies de stabilisation du Sahel ». Selon ce rapport, les stratégies de stabilisation du Sahel s’enlisent dans un contexte marqué par les violences communautaires, les insurrections jihadistes et la perte de confiance des populations dans leurs gouvernements.

D’après le rapport d’International Crisis Group, sept ans après l’envoi de troupes françaises pour bloquer l’avancée des jihadistes vers Bamako, la capitale du Mali, il demeure difficile d’affirmer que la situation au Sahel s’est améliorée. Au contraire, indique le rapport, les conflits continuent à gagner en intensité et les théâtres d’affrontements violents se multiplient à travers la région.

« Depuis 2016, les attaques jihadistes ont quintuplé et les violences interethniques sont montées en flèche. Malgré un effort considérable de la France, de ses partenaires et des Etats sahéliens pour ne pas céder plus de terrain et regagner les territoires perdus, les insurgés continuent de s’implanter dans plusieurs zones rurales sensibles pour s’étendre vers le sud de l’espace sahélo-saharien », relate le document.

Toujours selon le document, de nombreux partenaires extérieurs, certains responsables français émettent de plus en plus de doutes quant à l’efficacité de stratégies de stabilisation coûteuses qui peinent à générer des résultats tangibles.

 Apporter d’abord des réponses à la crise de gouvernance

Pour International Crisis Group, les opérations militaires demeurent essentielles, mais elles devraient être subordonnées à une gouvernance inclusive qui accorde bien plus d’importance à l’accès aux services publics, notamment en matière de santé et d’éducation, y compris dans les zones où les forces de sécurité ne sont pas encore déployées.

« Pour changer de tactique, une réponse appropriée à l’impasse actuelle sévissant au Sahel consisterait à réordonner les priorités des stratégies actuellement en place, de sorte que ces dernières répondent d’abord à une crise de gouvernance plutôt qu’à une crise d’insécurité. La crise de gouvernance qui est à l’origine des problèmes du Sahel génère une hostilité grandissante à l’égard des gouvernements », indique le rapport.

Le rapport insiste donc que la France et ses alliés devraient d’abord apporter des réponses à la crise de gouvernance en encourageant les Etats sahéliens à dialoguer avec les populations rurales, et peut-être aussi avec les insurgés, fournir des services sociaux et adopter des réformes fiscales. « Bien qu’elles demeurent importantes, les opérations militaires devront se mettre au service de cette approche », conclu-t-il.