Niger – Coup d’Etat: de Issoufou à Bazoum, l’épée de Damoclès a finalement trouvé une tête

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Le président du Niger a également subi la loi du Coup d’Etat en Afrique de l’ouest et les militaires ont pris le pouvoir. C’est une chose à laquelle il fallait s’attendre alors que depuis l’ancien président Issoufou, la menace de coup d’Etat planait sur le pays. Un héritage qui malheureusement a éclaboussé Mohamed Bazoum.

Mercredi 26 juillet 2023, les éléments de la garde présidentielle du Niger ont lancé une mutinerie et pris le pouvoir des mains du président Bazoum après l’avoir mis aux arrêts. Après donc le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, c’est le tour du Niger de vivre le scénario du coup d’Etat ces trois dernières années en Afrique de l’ouest. Malgré le temps gagné par Bazoum pour tenter de sauver son fauteuil, l’annonce est finalement tombé et le putsch consommé.

L’armée a fini donc par prendre le pouvoir au Niger comme le prédisaient certains observateurs ou comme le souhaitaient d’autres panafricanistes anti Françafrique. Aussi, il faut souligner que cela devait arriver car la menace planait sur le pays depuis bien longtemps et les autorités précédentes et actuelles ne semblent pas avoir pris les choses en main pour tenter de crever l’abcès.

Un cadeau empoisonné

Le désormais président déchu du Niger Mohamed Bazoum, a été ministre du gouvernement de son prédécesseur avant d’être son favoris pour le succéder. A la suite d’une élection présidentielle contestée par l’opposition dont le leader a finalement fini en prison quelque mois après, Mohamed Bazoum a pris fonction dans des conditions plutôt difficiles et une atmosphère assez tendue.

En effet, il faut aller plus en arrière pour comprendre que le cadeau de Issoufou avec le plein soutien de la France, à Bazoum était empoisonné. Le 17 décembre 2015, dans un message diffusé à la télévision dans la soirée, le président nigérien d’alors, Mahamadou Issoufou, a annoncé avoir déjoué une tentative de coup d’État. S’en est suivi plusieurs événements du même genre sans grande importances jusqu’au 31 mars 2021, où des officiers avaient tenté de renverser Mahamadou Issoufou, à deux jours de l’investiture de Mohamed Bazoum.

La réalité a fini par rattraper Bazoum qui ne semblait pas être inquiété lorsqu’il prenait et dirigeait le pays jusque-là. Le poison a fait son effet plutôt lentement et progressivement jusqu’au 26 juillet 2023 où le coup de grâce a été donné. Il n’aura pas eu la chance de son mentor pour échapper à un coup d’Etat malgré les pressions de presque toutes les organisations internationale et africaines et surtout malgré une première mission de bons offices de Patrice Talon le président béninois, qui n’aura pas servi à grand chose. Rien ne semble avoir sauvé Bazoum qui finira ancien président du Niger sans terminer son mandat.

Fin de la France-Afrique au Sahel ?

La chute de Mohamed Bazoum pourrait-elle signifier la fin des derniers privilèges de la France dans le Sahel ? La question reste et demeure car on ne sait pas qui viendra aux affaires dans les prochains jours et comment il se comporterait vis-à-vis de Paris. On sait qu’au Mali ça été la fin d’une ère pour Paris, de même pour le Burkina Faso ou, comme le précédent, il y a eu deux coups d’Etat.

Ces derniers mois, la France a été contrainte de redéfinir sa stratégie militaire au Sahel après que des milliers de soldats ont achevé leur retrait du Mali et du Burkina Faso. L’alternative de Paris a donc été de se rabattre sur le Niger qui est devenu le point stratégique de ses opérations dans le Sahel même si cela réduit la mobilité de ses forces et qu’il considère comme son principal allié dans la région et la meilleure rampe de lancement pour les opérations dans les régions frontalières reliant le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

Aussi, les coups d’État au Mali, au Tchad et au Burkina Faso ou encore en Guinée, ont affaibli les alliances de la France dans ses anciennes colonies et enhardi les populations ouest-africaines en quête de plus d’indépendance et moins d’ingérence dans les affaires de leur pays par la France à tout bout de champ. Le Niger va-t-il devenir membre de ce consortium de nations africaines qui en ont marre de partenariat unipolaire (Afrique/Occident) et optent pour une multipolarité de leurs coopération (Afrique/reste du monde) ? seule les prochains jours le diraient.