La France va-t-elle inciter ses amis de la CEDEAO à intervenir militairement au Niger?

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Des soldats de la force française Barkhane / Ph : defense.gouv.fr

Alors que le coup d’Etat semble être consommé au Niger et que le président Mohamed Bazoum a été évincé du pouvoir par les armes, la France a estimé deux jours après, que le putsch n’était pas définitif. Cette déclaration avec les rumeurs d’intervention de la CEDEAO laissent à penser que quelque chose de macabre se prépare en Afrique de l’ouest.

La France de Colona à Macron, a laissé entendre que le coup d’Etat militaire au Niger n’était pas définitif et que la situation pourrait changer. Dans son discours sur la question, le président français a indiqué que Paris apporterait son soutien à la CEDEAO dans toutes les mesures qu’elle prendrait contre les putschistes  au Niger.

Dans le même temps, certaines informations apparaissent dans certains médias, révélant que l’organisation sous régionale tenterait une approche militaire au Niger pour rétablir Bazoum dans ses fonctions de président de la république. Cela suppose donc que des militaires ouest africaines, sous le fanion de la CEDEAO iraient affronter l’armée nigérienne.

Un bon coup pour Paris

Cette guerre fratricide arrangerait bien d’une part, les groupes djihadistes qui en profiteraient pour élargir leurs zones d’influence et gagner du territoire. D’autre part cela arrangerait également la France qui tenterait de retrouvé le reste de son pseudo pré-carré au Sahel en rétablissant Bazoum.

La France a déjà plus ou moins influencé les décisions de la CEDEAO avec le scénario du Mali et elle pourrait recommencer avec le Niger en convainquant Tinubu et les siens de mener une action militaire contre les putschistes. Elle pourrait user de l’argument de « la présence de plusieurs milliers de ses forces dans le pays qui pourraient aider la CEDEAO si elle en faisait la demande ».

On sait qu’elle a déjà aidé Alassane Ouattara par le passé à renverser le président Gbagbo et elle pourrait donc récidiver en prétextant le rétablissement de l’ordre constitutionnel, ce qui normalement, paraitrait légitime aux yeux de la communauté internationale (occidentale), qui laisserait faire ou aiderait comme en Libye. Une nouvelle déstabilisation de la région fait bien les affaires de la France qui, au nom d’une pseudo compassion, pourrait étendre à nouveau sa zone d’influence dans le Sahel.

Quid des membres de la CEDEAO sur cette option 

Les pays membres de la CEDEAO qui pourraient accéder à cette idée folle ne sont pas légion. Le Béninois Patrice Talon semble assez lucide pour ne pas engager ses forces militaires (en plein redressement logistique) dans cette guerre presque pas utile pour son pays. La Mauritanie et le Nigéria ne sont pas assez fous pour se joindre à une aventure pareil et la Côte d’Ivoire et le Sénégal, deux pays encore très proches de Paris, sont capable de faire cela mais avec la réticence des autres membres, « il n’y a pas moyen ».

Tout ceci, sans noter que le Mali et le Burkina Faso ne se rallieraient « jamais » à une telle aventure et pourraient même apporter leur aide aux militaire nigériens si ces derniers les sollicitaient pour défendre l’intégrité du Niger et non l’intérêt des uns et des autres ou d’une quelconque puissance étrangère.

La seule alternative possible de la CEDEAO actuellement est de discuter et d’éviter de commettre les mêmes erreurs comme avec le Mali. La politique de sanctions à l’occidental ne semble pas marcher contre des pays déterminés à sauvegarder l’intérêt de leur pays, la Russie en est un exemple évident pour tout observateur objectif.

Patrice Talon va faire ses preuves

Il va sans dire que Patrice Talon, qui était censé jouer la médiation pour que les putschistes reculent dans leur entreprise et qui n’a jamais quitté Cotonou finalement, va devoir reprendre sa mission de bons offices dès que la situation le permettrait au Niger et que les choses reviendraient à la normale.

Tous ces événements depuis 2020 sont un signe pour le continent africain et surtout pour l’Afrique de l’ouest, pour qu’elle prenne son destin en main et qu’elle règle elle-même ses problèmes car elle en a largement les moyens.