A Genève, l’ONU et la Suisse plaident pour une meilleure protection des journalistes

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Attroupement de journalistes lors d'une interview / Ph : UNOWAS

A la veille de la 75e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU et la Présidente suisse ont plaidé, mardi, à Genève, pour une meilleure protection des journalistes qui font l’objet d’attaques et de menaces croissantes notamment durant la pandémie de Covid-19.

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, et la Présidente de la Confédération suisse, Simonetta Sommaruga, ont participé le 1er septembre à un événement sur la liberté de la presse et la liberté d’expression organisé au Palais des Nations, à Genève, en présence de plusieurs journalistes. Les deux hautes responsables ont déploré les attaques dont sont victimes les professionnels des médias.

« Les journalistes du monde entier sont confrontés à la censure, à la surveillance, à la répression, à l’intimidation et aux agressions physiques », a déclaré Mme Bachelet. Mme Sommaruga a, pour sa part, rappelé qu’une démocratie se mesure à la façon dont elle traite ses journalistes, ses dessinateurs, ses reporters, ses photographes de presse. « Or aujourd’hui, de plus en plus, la peur empoisonne le travail des journalistes dans le monde », a-t-elle constaté.

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Les responsables de ces attaques ? Le crime organisé, des groupes armés ou d’autres acteurs privés, y compris des entreprises. « Mais elles peuvent également être incitées ou tolérées par des représentants du gouvernement », a précisé la Haut-Commissaire. Pour la Présidente de la Confédération suisse, « les régimes autoritaires se montrent de plus en plus répressifs envers les médias indépendants ».

Mme Bachelet a indiqué que les crimes commis contre les journalistes, y compris les cas de meurtres, font souvent l’objet d’enquêtes et de poursuites inadéquates. « 90% des homicides de journalistes restent impunis », a précisé Mme Sommaruga.

Covid-19 : la liberté de la presse est indispensable pour fournir des informations fiables

Ces derniers mois, la censure, la répression, les menaces et les attaques contre les journalistes, et l’impunité dont jouissent leurs auteurs ont pris de l’ampleur avec le coronavirus. « Dans plusieurs pays, la politisation croissante de la pandémie et les efforts pour blâmer ses effets sur les opposants politiques ont conduit à des menaces, des arrestations et des campagnes de dénigrement contre les journalistes qui assurent des informations factuelles sur la propagation de la Covid-19 et les mesures adéquates pour l’empêcher », a déclaré Mme Bachelet.

« Comment se protéger d’un virus sans information fiable, sans savoir où se trouvent les foyers de l’épidémie ? », a demandé Mme Sommaruga. La cheffe d’Etat suisse a mis en garde contre les entreprises visant à réduire au silence les journalistes qui relaient des informations sur la crise du coronavirus. « Le meilleur remède contre la désinformation sont les informations vérifiées qui proviennent de sources fiables », a-t-elle martelé.

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Selon la Haut-Commissaire, certains gouvernements exploitent la crise de santé publique mondiale pour réprimer « de façon plus importante et injustifiable » les critiques et la dissidence. Fermeture des bureaux et des sites internet des médias, coupures de la connexion Internet, arrestation et détention arbitraires de journalistes dans des prisons dangereuses et bondées. « Ces pratiques restreignent de manière disproportionnée la jouissance de la liberté des médias et contreviennent au droit international », a rappelé la cheffe des droits de l’homme de l’ONU.

« Quand les journalistes sont en danger, c’est toute une société qui finit par trembler pour sa liberté (…) Quand les journalistes sont jetés en prison, c’est une aspiration à la démocratie qu’on étouffe », a prévenu la Présidente suisse.

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La sécurité des journalistes, et leur capacité à mener des enquêtes et à diffuser des informations sans censure ni menaces, est un élément clé pour la réalisation du Programme de développement durable, a rappelé Mme Bachelet. « Les ODD (objectifs de développement durable) exigent explicitement le respect du droit à la liberté d’information et d’autres droits humains fondamentaux », a-t-elle rappelé.

« La démocratie est exigeante, mais nous ne connaissons rien de mieux pour organiser une société tout en respectant les droits fondamentaux de chacun », a souligné Mme Sommaruga. « La démocratie, c’est comme la vie, not a place to relax ! (ce n’est pas un lieu où on se repose) », a-t-elle ajouté.

Source : ONU Info