Tchad – Décès d’Idriss Deby : Un coup d’Etat mené en douce sur fond d’attaque rebelle

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Chad President Idriss Deby addresses the media after a meeting with German Chancellor Angela Merkel at the Chancellery in Berlin, Germany October 12, 2016. REUTERS/Stefanie Loos

Les événements qui ont suivi la mort du président tchadien, Idriss Deby, laissent une zone d’ombre sur les réelles circonstances du décès du Maréchal.

L’armée tchadienne a annoncé mardi matin que le président Idriss Deby avait été tué dans des combats contre les rebelles dans le nord du pays. Il aurait été en première ligne de front et a été touché par des tirs ennemis qui ont eu raison de lui plus tard. Quelques heures après, un conseil militaire de transition a été mis en place par l’armée. Le gouvernement et le parlement ont été dissouts. Un couvre-feu a également été imposé et les frontières ont été fermées.

L’armée a placé le Général Mahamat Idriss Deby, fils du disparu, à la tête du conseil qui dirigera le pays pendant une durée de 18 mois. Ces différentes mesures prises par les militaires laissent transparaître des doutes sur ce qui s’est réellement passé au Tchad ces dernières 48 heures. Les dispositions prises par l’armée sont, entre autres, les premières mesures que tous les putschistes prennent quand un président est évincé.

Des zones d’ombre subsistent…

La première question qu’il est utile de se poser est : qu’est-ce que le plus haut commandant militaire et, de surcroît, le président du pays, cherchait au front à des centaines de kilomètres de la capitale ? L’armée avait annoncé être en train de mater les rebelles et donc qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter pour l’intégrité et la sécurité du Tchad. Alors pourquoi il a fallu que le président, fut-il un militaire, trouve nécessaire d’aller combattre lui-même, si tant est que l’heure n’était pas si grave ?

Le Maréchal est un grade attribué à un officier supérieur ayant dirigé et mené une guerre de façon victorieuse. Deby a été un meneur d’hommes durant toutes ces années et s’est souvent retrouvé sur des terrains de combat contre les terroristes dans la zone du bassin du lac Tchad, mais après que les troupes ont ratissé la région. Il faut alors se demander quel genre d’armée ne protégerait pas son commandant en chef en l’éloignant d’un terrain de combat, aussi dangereux que celui-ci.

Un coup d’Etat a quand même eu lieu

Certaines voix s’élèvent pour souligner le fait que la mort du président est un règlement de compte venu de l’intérieur. Pour d’autres, il s’agit clairement d’un coup d’Etat déguisé en une attaque rebelle. C’est dire que les présumés putshistes auraient simplement profité de l’assaut des forces rebelles pour assassiner le chef de l’Etat, d’en imputer la responsabilité aux rebelles et de mener à bien leur plan de prise du pouvoir sans attirer les condamnations de la communauté internationale.

Cette stratégie, si elle s’avère, a très vite fait des convaincus et pas des moindres. La France a indiqué qu’elle prend acte de la prise du pouvoir de l’armée, appelant à des élections pacifiques, selon le calendrier des militaires. Cette France qui est souvent la première à condamner le non-respect des constitutions à travers l’Afrique, et à s’ériger en donneuse de leçon, vient de « valider » carrément une prise de pouvoir illégale.

La constitution du Tchad a bel et bien prévu le cas de vacance du pouvoir. Pourquoi l’armée n’a pas respecté les textes de la république ? Il va sans dire que, même si le coup d’Etat n’était pas contre Deby, il y a eu coup d’Etat contre celui que les textes ont prévu pour remplacer le chef de l’Etat. La suspension de la constitution en est un exemple clair. Au-delà de tout doute, le fils d’Idriss Deby, le Général Mahamat, vient d’opérer un coup d’Etat au Tchad au vu et au su de tous.

Source : Bénin Web Tv