«Notre pays est devenu un pays de narcotrafiquants; peut-être même que nous allons changer d’appellation et nous appeler Niger -Colombie». C’est ce qu’a affirmé l’Opposant Amadou Djibo dit Max, président de l’Union des indépendants (UNI), au cours d’une conférence de presse tenue il y a de cela plus d’une semaine. «Ils ont mêmes des titres de conseillers spéciaux leur permettant d’opérer en toute impunité », ajoute pour sa part Issoufou Issaka, président du groupe parlementaire Zam-Zam Lumana Africa, dans sa note explicative du vote de la motion de censure en date du 29 juin 2019.
Le silence du gouvernement face à ces accusations gravissimes, ajouté à certains dossiers relatifs à la cocaïne et ses dérivés qu’il a étouffés, doivent secouer les partenaires extérieurs du Niger pour qu’ils se réveillent et demander des comptes à Issoufou et à son clan avant que l’incendie ne les atteigne.
Des accusations
«Notre pays est devenu un pays de narcotrafiquants ; peut‐être même que nous allons changer d’appellation et nous appeler Niger‐Colombie », déplore Amadou Djibo dit Max. Et ces narcotrafiquants, indique‐t‐il, «sont tapis dans les arcanes du pouvoir sous les pieds des principales institutions de la République et bénéficiant de la protection et de la bienveillance de certaines personnes du régime en place». Pour le président de l’UNI, ceux qui protègent les narcotrafiquants doivent se dire que c’est un crime imprescriptible. Il ne faut pas que ces gens croient que nous allons oublier. Nous n’allons pas oublier. Jamais, nous n’oublierons ceux qui se servent de la drogue et qui, avec cet argent-là, ils permettent aux djihadistes, à Boko Haram d’avoir des ressources pour créer l’insécurité ». Cette insécurité « ne finira pas tant que la source de financement ne s’arrêtera pas », prévient Amadou Djibo.
« Tous les pays qui font la guerre aux narcotrafiquants connaissent
tous ceux qui sont derrière le commerce de la drogue au Niger », rapporte le
président de l’UNI, qui soutient que ces pays ont même « la liste des personnes
et personnalités nigériennes impliquées qu’ils publieront petit à petit». Et une
fois en possession de cette liste, rassure Amadou Djibo, « même morts, et pour
l’histoire, nous écrirons sur les tombes de ces personnes qu’elles étaient avec
les narcotrafiquants ». Avant cette sortie, le 29 juin dernier, c’était autour
d’Issoufou Issaka, président du groupe parlementaire Zam‐Zam Lumana Africa, de se pencher sur cette question
lors des débats à l’hémicycle sur la motion de censure déposée contre le
gouvernement de Birgi Rafini. Dans sa note explicative du vote de cette motion,
Issoufou Issaka témoigne que « les narcotrafiquants sont tapis dans les arcanes
du pouvoir avec à la clé des titres de conseillers spéciaux leur permettant d’opérer
en toute impunité». Ici même à l’Assemblée nationale, explique‐t‐il, « une
demande de levée d’immunité parlementaire d’un député, impliqué dans des
affaires scabreuses a buté parce que simplement votre majorité ( s’adressant au
Premier ministre), ne voulait pas accéder à la demande de la justice, que votre
majorité a décidé de faire entrave à la manifestation de la vérité ».Issoufou
Issaka de demander aussi au Premier Ministre « quelle suite a été donnée à
l’article paru dans la presse malienne qui accuse notre ministre d’Etat chargé
de la securité, Président du PNDS, Mohamed Bazoum ? ».
Dans sa réponse, le Premier Ministre n’a
répondu qu’à la seule question relative
à l’article de presse malienne. Il dit à ce propos qu’il s’agit là de « la
médisance. Et toute question relevant de la médisance ne peut pas recevoir de
ma part une réponse. Et le fameux journal (NDLR : auquel l’opposition fait
allusion) est une fausse page de Facebook ».
Comme on le constate, le Premier Ministre Birgi Raffini, en bon jongleur, a esquivé les autres questions pourtant légitimes de l’opposition politique sur le trafic de drogue impliquant plusieurs personnalités.
Les faits sont têtus.
Pour lui rafraîchir la mémoire, nous rappelons quelques faits sans équivoque sur l’implication de certaines personnalités de son régime dans des trafics de drogue.
Tout d’abord, qu’en est-il de l’affaire du député Sidi Lamine impliqué dans une affaire de drogue et auquel le régime d’Issoufou, malgré qu’il ait une majorité écrasante à l’Assemblé Nationale refuse d’ôter l’immunité parlementaire pour qu’il réponde devant la justice qui en a fait la demande sur instructions du gouvernement ?Qu’en est-il de ses autres complices qui vaquent normalement à leurs occupations ?Qu’en est-il de certains ex-rebelles du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ),connus pour être notoirement des passeurs de la drogue ?Qu’en est-il des complices, notamment des agents de la Direction Générale de la Documentation et de la Sécurité Extérieure (DGDSE), des trafiquants de résine de cannabis d’une valeur de trois(3) milliards saisie à Niamey ?Qu’en est-il de cet agent de l’Etat, convoyeur de drogue, en poste à Iferouane, qui a été muté de son poste ?Qu’en est-il de Mohamed Sidi Ahmed, un conseiller du président de l’Assemblée Nationale du Niger, interpellé en Guinée Bissau avec environs 800kg de cocaïne ?
Autant de questionnements auxquels le Premier Ministre n’a daigné enlever ses lunettes en bois pour répondre aux élus du peuple. Alors qu’il se rassure. Le régime de Mahamadou Issoufou qui a inscrit le Niger en lettres d’or par ce hideux trafic, sans que les responsables au plus haut niveau se rendent gorge, rendra sans doute compte devant les instances internationales. Ce n’est qu’une question de Temps.
Moussa Aksar, l’Evènement N°1081 du 18 Juillet 2019.