Sahel : un rapport de la Banque Mondiale relève une périlleuse nécessité d’adaptation au changement climatique

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Le groupe de la Banque Mondiale a présenté, le 19 septembre 2022, son rapport national sur le climat et le développement (CCDR en anglais). Selon le document, plus de 13,5 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté à travers la sous-région d’ici à 2050, du fait des chocs liés au changement climatique et si les mesures urgentes en matière d’adaptation ne sont pas mises en place.

La présentation du rapport s’est tenue par visioconférence au cours de laquelle des journalistes invités dans les locaux de différentes représentations de la banque mondiale dans les cinq capitales des pays du G5 Sahel (Niger, Mali, Tchad, Burkina Faso et Mauritanie) ont discuté avec les auteurs du rapport et le siège de la Banque.

Le rapport relève que trois des pays du G5 Sahel, à savoir le Niger, le Mali et le Tchad, figurent parmi les sept pays les plus vulnérables au changement climatique dans le monde et « leur capacité d’adaptation est fortement limitée par la pauvreté et la fragilité ».

« Le changement climatique affecte sévèrement les populations et vient remettre en cause les gains de développement durement acquis », a déclaré, Ousmane Diagana, vice-président de la Banque Mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale. Selon lui, « l’analyse indique que le changement climatique renforce les cycles de pauvreté, de fragilité et de vulnérabilité dans le Sahel ».

De ce fait, Ousmane Diagana estime qu’avec une population qui devrait doubler au cours des 20 prochaines années pour atteindre 160 millions de personnes, « les pays du Sahel doivent accélérer leur croissance et prioriser l’adaptation climatique s’ils veulent concrétiser le dividende démographique et mettre la région sur la voie d’une croissance durable et inclusive ».  

Alors que les émissions combinées des pays du G5 Sahel ne dépassent pas 1% des émissions globales de gaz à effet de serre, ils se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, souligne la Banque Mondiale. Le Burkina, le Mali, le Niger et le Tchad, rappelle-t-elle, ont, par ailleurs, pris l’engagement de stopper et inverser la déforestation et la dégradation des terres d’ici à 2030. L’engagement a été pris lors de la COP 26 qui s’est tenue du 1er au 13 novembre 2021 à Glasgow, en Écosse, au Royaume-Uni.

« Il existe de réelles opportunités pour développer un Sahel plus résilient »

Les besoins de financement des pays du G5 Sahel en matière d’actions climatiques se chiffrent à plus de 30 milliards de dollars, selon les estimations du CCDR et les contributions déterminées au niveau national (CDN) dans le cadre de l’accord de Paris. Selon le rapport, les dégâts causés par le changement climatique peuvent être réduits.

« Il existe de réelles opportunités pour développer un Sahel plus résilient », indique Clara de Sousa, directrice des opérations de la Banque Mondiale pour le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad. Pour elle, le rapport CCDR « fournit une feuille de route pour aider les pays à accélérer les réformes et les investissements afin de diversifier leurs économies et les rendre plus résilientes et plus inclusives ».

Aussi, explique Clara de Sousa, « il propose des démarches pour les reverdir en restaurant les terres dégradées et stimulant les opportunités économiques pour les communautés, par le biais de programmes tel que l’initiative de la Grande muraille verte ».

Les CCDR du Groupe de la Banque Mondiale constituent de nouveaux outils qui permettront aux pays de prioriser les actions ayant le plus grand impact pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et accélérer l’adaptation, tout en réalisant les objectifs de développement plus vaste, souligne le Groupe de la Banque Mondiale Ces rapports suggèrent « des actions concrètes et prioritaires pour encourager la transition vers des économies sobres en carbone et résilientes », explique l’institution.

Quant aux documents accessibles au public, poursuit-elle, « les rapports CCDR visent à informer les gouvernements, les citoyens, le secteur privé ainsi que les partenaires du développement, pour leur permettre de s’engager dans les programmes climatiques et de développement ». Ces outils établissent un diagnostic de fonds en prenant en compte les considérations liées au changement climatique et au développement.