Dans un communiqué de presse, rendu public le jeudi 26 mai 2022, l’opposition politique a réagi aux conclusions de l’enquête de la gendarmerie nigérienne et de l’armée française sur la tuerie de trois civils, le 27 novembre 2021, à Téra, dans la région de Tillabéry. Non satisfaite de l’issue de cette affaire, l’opposition exige l’ouverture d’une enquête judiciaire indépendante qui permettrait de « faire émerger la vérité » sur l’affaire et de « traiter la question au plan pénal ».
Le 17 mai dernier, le gouvernement nigérien avait rendu les conclusions de l’enquête sur l’assassinat de trois (03) manifestants civils à Téra, lorsqu’ils s’opposaient au passage d’un convoi de la force française Barkhane. Selon le gouvernement, l’enquête n’a pas permis de déterminer qui, entre les éléments de forces nigériennes de maintien de l’ordre et les militaires français, a exactement tué à balles réelles les trois manifestants et en a blessé une vingtaine. C’est ainsi que, selon le gouvernement, le Niger et la France ont décidé ensemble, de dédommager, à parts égales, les victimes et enterrer l’affaire. Une solution que rejette l’opposition politique, tout en exigeant l’ouverture d’une enquête judiciaire indépendante, mais aussi le traitement de l’affaire sur le plan pénal.
« Pour le gouvernement, le meurtre de nos compatriotes semble avoir une issue acceptée par les parties directement impliquées, au travers d’une réparation en compensation des préjudices subis par les familles des victimes », a dénoncé, dans un communiqué de presse, la coalition de l’opposition. Cette dernière estime que « le règlement de cette question ne saurait être réduit à sa seule dimension civile ». De plus, soutient-elle, « le peuple nigérien, lui, c’est d’une justice rendue en son nom, par une juridiction compétente, qu’il réclame », précise le communiqué.
C’est pourquoi, la coalition de l’opposition exige une décision de justice à cette affaire afin, dit-elle, de« faire émerger la vérité à travers une enquête judiciaire indépendante qui permettrait de comprendre ce qui s’était réellement passé ce jour-là à Téra ; de situer les responsabilités administratives et politiques et de traiter cette question au plan pénal et non pas seulement au plan civil (…) ». Pour l’opposition, puisque trois (03) personnes ont perdu la vie dans cette affaire, « une réponse pénale pensée et réfléchie comme une réponse impartiale au service de la justice s’impose ».
« La justice passera tôt ou tard… »
Parlant toujours de la justice, la coalition de l’opposition a, par ailleurs, dénoncé« la propension de l’Exécutif, notamment du Chef de l’Etat, à s’ériger en juge hors classe dans des affaires criminelles pendantes devant des juridictions régulièrement saisies, en violation flagrante de l’indépendance de la justice, consacrée par la Constitution ».
Selon l’opposition, il en est ainsi du traitement de certains dossiers portant sur des détournements de deniers publics, citant, pour exemple, celui de « l’affaire dite du Ministère de la Défense Nationale » où plusieurs milliards des francs CFA ont été détournés. « Que dire de la scandaleuse libération des criminels et autres grands bandits sur instructions express du Chef de l’Exécutif sans aucune forme de procès ! », s’interroge-t-elle. « Seules des décisions de justice devenues définitives peuvent clore des affaires judiciaires », conclus l’opposition politique nigérienne qui promet que « pour tous ces cas, la justice passera tôt ou tard ».