Interclubs de la CAF : Qu’est-ce qui explique l’absence des clubs de l’Afrique de l’Ouest ?

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CAF LOGOS @AfricaTopSports

Les Interclubs de la CAF (Coupe CAF et Ligue des Champions CAF) rentrent dans les phases décisives, les 16 et 17 avril 2022. A l’étape des quarts de finale, on note avec regret, comme aux précédentes éditions, l’absence des clubs de l’Afrique de l’Ouest. Notre rédaction, pour en savoir davantage sur les raisons de cet état de choses a fait parler quelques confrères africains.

Le Football en Afrique est largement dominé par les clubs du Nord. Ces derniers, plus organisés sur le plan financier, infrastructurel et effectif dominent les compétitions de la CAF sur le continent. Mais pourtant, plusieurs clubs avaient fait rêver le continent. Dans la Zone Unifac, l’on se souvient de la présence remarquable du TPM dont le 3è titre en LDC remonte à 2015 (Ligue des Champions, LDC CAF) et le sacre de Léopard en Coupe CAF en 2012 pour le bonheur du Foot congolais. Dans la zone Ufoa, le géant Enyimba (sacré en 2003 et 2004 en LDC CAF) avait nourri les espoirs, sans oublier Hearts of Oak Sporting Club (vainqueur Coupe CAF en 2004).

La Zone Cosafa qui reste la plus représentative, depuis quelques années avec le dernier sacre en LDC CAF arraché au Nord par Mamelodi Sandowns en 2016. On note également la récente défaite en finale de la plus prestigieuse des compétitions de clubs en Afrique de Kaizer Chiefs FC (Afrique du Sud) face au mythique club Cairote Al Ahly. En somme, la domination des clubs de la Zone de l’Unaf devrait faire réfléchir pour l’équilibre et l’essor du Football africain. Ils sont détenteurs des quatre derniers titres en Coupe CAF (2 pour le Raja Casablanca) et des cinq derniers titres en Ligue des champions CAF, avec le doublé pour l’Espérance Tunis et Al Ahly.

Le club nigérian d’Enyimba seul représentant de l’Afrique de l’Ouest, lors des quarts de finale de la Coupe CAF édition précédente n’a pas pu se hisser en phase de poule de la Coupe CAF. Motif, après la victoire 2-0 au Nigeria, les Guerriers d’Aba ne se sont pas présentés pour jouer au stade des Martyrs de Bnina à Benghazi (Libye), le 19 décembre. Des raisons avaient été avancées pour demander un report du match, mais en vain. A cette étape donc de la compétition, Simba Sc de la Tanzanie, TP Mazembe de la RDC et Orlando de l’Afrique du Sud sont les trois clubs venus des autres zones. Les cinq autres clubs qualifiés sont de la Zone Unaf. 

En Ligue des Champions, seuls le Petro de l’Angola et Mamelodi de l’Afrique du Sud sont les deux clubs issus des autres Zones. Sur 16 clubs présents, aucun de l’Afrique de l’Ouest notamment de certains journalistes sportifs africains de cette absence ?

L’analyse de certains journalistes sportifs africains…

Selon Ablam Gnamesso, « c’est juste une question d’organisation – infrastructures – chez nous, de moyens face aux pays d’Afrique du Nord et du Sud ». Pour Yacouba Tangara, « l’instabilité des entraîneurs à la tête des différentes formations, l’exportation des jeunes talents vers d’autres continents et parfois le problème de management, sont entre autres des raisons qui pénalisent les clubs Ouest-africains ».

Steven Lavon du Togo pense que c’est un « manque de structuration, d’organisation, de moyens financiers entre autres ». Un journaliste béninois qui a requis l’anonymat trouve que « les raisons sont liées au départ très rapide et très précipité de jeunes talents africains. La meilleure équipe de l’Afrique de l’Ouest de ces trois dernières, c’est Horoya, mais elle est passée à côté. On n’est pas surpris de voir Simba SC, en raison du modèle économique, la présence des sponsors et des clubs qui réussissent à attirer, voir garder des joueurs d’un profil donné ».

Kader du Burkina Faso évoque en gros un problème structurel. « Avant de parler même des absences des clubs de l’Afrique de l’Ouest aux compétitions de la CAF, il faut d’abord signifier pourquoi ces clubs ne participent pas aux phases de poules des Interclubs de la CAF. Sur ce premier point, je crois que c’est un problème de niveau. Au niveau de l’Afrique de l’Ouest, on a des clubs qui sont embryonnaires, avec des joueurs pas forcément talentueux et aussi une organisation qui ne leur permet pas de compétir dans le même schéma que les clubs du Maghreb ou même de l’Afrique Central et du Sud. Par exemple, les clubs burkinabé et béninois sont sortis aux tours préliminaires. Au Togo, je crois qu’il y a un club qui s’est hissé en huitièmes de finale. La Côte d’Ivoire a réussi à jouer la phase de poule avec l’Asec, mais malheureusement, le club s’est arrêté en poule. C’est pour dire qu’il y a d’abord un problème de talent qui se pose, parce que quand on voit sur le terrain, ce n’est pas la même envergure avec les clubs d’Afrique central, et même du Maghreb. Ensuite, il y a l’organisation au tour de ces clubs-là, et même la vision. Si vous voulez jouer la campagne africaine, il faut bien se préparer, faire un recrutement qui va avec. Dès qu’il y a un joueur qui commence à pointer le nez, son problème, c’est de quitter le pays pour aller faire valoir son talent ailleurs…».