Il y a quelques mois en arrière, notre brillant confrère sénégalais, H. Tidiane Sy écrivait les lignes ci-dessous sur son compte Facebook.
« Au moment où notre justice est dans tous ses états, il serait bien que nos magistrats, ou magistrats aspirants, se souviennent de Giovanni Falcone. Un célèbre juge « anti-mafia » italien qui, dans les années 80, a marqué les esprits du monde entier par son courage et son abnégation. Il est vrai que les mafiosi ont fini par l’assassiner, mais sans lui, jamais l’Italie n’aurait connu le Maxi-Procès de Palerme (plus de 470 accusés, 360 personnes condamnées, dont 19 écoperont de la peine à perpétuité).
Si l’Italie de l’époque a formellement reconnu l’existence de Cosa Nostra et d’un « réseau » de type mafieux, qui arnaque, rackette, enlève, tue et massacre de paisibles citoyens, c’est en grande partie grâce à Falcone et à son collègue et ami (Paolo Borsellino). Ils ont tous deux payé de leur vie certes, mais sans eux, la mafia aurait continué à étendre ses tentacules dans l’impunité totale.
J’ose espérer que nous avons des Falcone et des Borsellino dans la magistrature sénégalaise. « Mon compte avec Cosa Nostra ne sera soldé qu’avec ma propre mort – naturelle ou non », avait dit, un jour, le juge Falcone. Il est mort dans une forte explosion provoquée sur son itinéraire, par la mafia. La déclaration n’a rien d’une boutade, elle était prémonitoire. »
Il nous suffit aujourd’hui de remplacer Sénégal et sénégalais par Niger et nigériens ; justice sénégalaise par justice nigérienne ; magistrats sénégalais par magistrats nigériens, etc. ; et l’on pourra adresser ce texte à notre justice et à nos magistrats. « La justice est une affaire bien trop sérieuse pour être laissée aux mains des seuls magistrats », a-t-il ajouté Tidiane Sy lorsque nous l’avons contacté pour solliciter son aimable permission de pouvoir reproduire son texte.