Les députés de l’opposition ont répondu absents ce vendredi 29 mai 2020, lors de l’examen et le vote du Projet de loi portant interception de certaines communications émises par voie électronique au Niger. Ils ont tenu à travers un point de presse aujourd’hui à « informer l’opinion nationale et internationale sur la volonté du pouvoir en place de priver les nigériens et ceux qui vivent au Niger de toute vie privée dans leurs communications ».
« Tout comme la loi sur la cybercriminalité dénoncée dans son application par Amnesty International, celle en cours d’adoption par la majorité n’est pas sortie des tiroirs, à 6 mois de la fin du mandat des renaissants, de manière gratuite », soulignent les députés de l’Opposition dans leur déclaration.
En rappelant que « le secret de la correspondance et des communications est inviolable », comme le stipule la Constitution, en son article 29, les signataires de la déclaration, précisent que « l’interception des correspondances des citoyens, même autorisée par la loi, doit être l’exception, et surtout motivée par de lourdes présomptions sur un individu. Le présent projet de loi, se voulant systématique, compte en faire la règle. » Car cette loi, indiquent-ils « une fois adoptée, permettra à ceux au profit desquels elle est adoptée, de surveiller tous les nigériens, ainsi que tous ceux qui vivent au Niger, sous de fallacieux prétextes, autres que ceux relatifs à la sécurité et la lutte antiterroriste. » C’est pourquoi, « cette loi ne sera nullement au service de la Nation, mais de personnes. Il suffit de regarder son ancrage ainsi que les personnes qui composent la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (article 16 du projet de loi) », note la déclaration.
Pour combattre le terrorisme, « on na pas besoin d’épier et d’espionner tous les nigériens, car assurément tous les nigériens ne sont pas des terroristes » et « il faut commencer par mettre ceux des trafiquants d’armes et de drogues, déjà connus de tous dans notre pays, à la disposition de la justice » indiquent les députés de l’Opposition.
« Les sources de financement du terrorisme sont, en grande partie, le trafic de drogue et d’armes » rapporte la déclaration. Et « pour combattre les terroristes, il faut doter les forces de défense et de sécurité des moyens de guerre conséquents » et «il ne faut pas oublier ou pardonner à ceux dont les actes prédateurs et ignobles ont occasionné les massacres de Karamga, Bosso, Inatès et Chinagoder, entre autres » affirment les députés de l’Opposition.
« Nous n’avons pas besoin d’un État totalitaire qui veut contrôler notre vie privée » et c’est pourquoi, « ne siège au sein de la Commission proposée par l’Exécutif aucun représentant de l’opposition, du barreau ou des associations de droits de l’homme, c’est-à-dire aucun contrepouvoir » informe l’Opposition qui « ne saurait s’associer à une telle mascarade qui consiste à adopter une loi simple pour violer la loi fondamentale ».
Notons qu’avant cette déclaration, est intervenue au lendemain de la présentation des vœux d’une délégation du groupe parlementaire de l’Opposition conduite par son président Soumana Hassane le jeudi 28 mai 2020 dernier, au chef de file de l’Opposition Hama Amadou. Cette posture des opposants à Issoufou prouve que la flamme de la bête politique incarnée par le principal opposant au régime de la renaissance est loin de s’éteindre.