Le Mali dénonce le rapport « partial » de l’ONU sur les événements de Moura et annonce une enquête pour espionnage

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Alors qu’un rapport de l’ONU a accusé les forces maliennes et leurs alliés du groupe russe Wagner d’avoir massacré plus de 500 personnes dans la région de Moura l’année dernière, le gouvernement malien a dénoncé un rapport fictif et « partial ».

La réaction du gouvernement de transition du Mali était attendue depuis la sortie de ce rapport plus tôt cette semaine. Selon la junte malienne qui a catégoriquement rejeté ce rapport qui soutient que l’ONU aurait utilisé des satellites pour recueillir des informations pour ses investigations, elle a également annoncé une enquête pour « espionnage ».

La déclaration est intervenue un jour après que l’ONU a publié son rapport tant attendu sur les événements qui se sont déroulés dans la ville centrale de Moura entre le 27 et le 31 mars 2022. « Aucun civil de Moura n’a perdu la vie au cours de l’opération militaire », a indiqué un communiqué lu à la télévision d’Etat par le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga. « Parmi les morts, il n’y avait que des combattants terroristes. »

Condamnant ce qu’il a appelé un « rapport biaisé basé sur un récit fictif », le gouvernement a également exprimé sa surprise que les enquêteurs de l’ONU aient utilisé des satellites au-dessus de Moura pour recueillir des informations, sans l’autorisation du gouvernement. Il ouvrira une enquête pour espionnage, atteinte à la sécurité extérieure de l’Etat et « complot militaire », a-t-il ajouté.

Les chiffres cités par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) représentent la pire atrocité que le pays du Sahel ait connue depuis qu’une insurrection djihadiste a éclaté en 2012. C’est aussi le document le plus accablant à ce jour contre les forces armées maliennes et leurs alliés étrangers.

La nationalité des combattants étrangers n’est pas explicitement identifiée dans le rapport, mais le Mali a fait venir des Russes que les pays occidentaux et d’autres disent être des mercenaires wagnériens. Il faut noter qu’aucun témoignage d’aucune source officielle ne figure dans ledit rapport.

« Extrêmement dérangeant »

Dans son rapport, le HCDH a déclaré avoir « des motifs raisonnables de croire qu’au moins 500 personnes ont été tuées en violation des normes, standards, règles et/ou principes du droit international ». Les victimes ont été « exécutées par les FAMa (Forces armées maliennes) et des militaires étrangers » qui contrôlaient totalement la zone, a-t-il ajouté. Le rapport de l’ONU a été publié après une longue enquête menée par la division des droits de l’homme de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali, la MINUSMA.

Environ 20 femmes et sept enfants figuraient parmi les personnes tuées, tandis que des preuves suggèrent que 58 femmes et filles ont été victimes de viol et d’autres formes de violence sexuelle, selon le rapport. Des actes de torture ont été perpétrés sur des personnes qui avaient été détenues, a-t-il ajouté. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Turk, a qualifié ces conclusions d’« extrêmement troublantes ».

« Les exécutions sommaires, les viols et la torture pendant les conflits armés constituent des crimes de guerre et pourraient, selon les circonstances, constituer des crimes contre l’humanité », a-t-il déclaré dans un communiqué. Le mandat de la MINUSMA s’achève en juin, et on doute de plus en plus de sa capacité à remplir son mandat de maintien de la paix compte tenu de la détérioration des relations avec la junte au pouvoir au Mali et du retrait des soldats de certains pays contributeurs.

Avec AFP