Mali : « l’élection ne suffit pas pour asseoir la démocratie », Choguel Maiga

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Manifestation à Bamako (Image d'illustration)

Lors d’une rencontre avec le corps diplomatique accrédité au Mali, le Premier ministre malien a fait un rappel des situations survenues en Libye et en Afghanistan pour illustrer la position actuelle de son gouvernement. Selon lui, il est important que le Mali tire des leçons de ces expériences des autres pays pour éviter de tomber dans le même piège.

Le Premier ministre malien Choguel Maiga déclare que « le Mali n’est pas et ne sera jamais dans une attitude belliqueuse ou d’affrontement avec la Communauté internationale. Notre pays, notre Gouvernement, avec à leur tête le Colonel Assimi GOÏTA, ont décidé tout simplement d’opérer des choix stratégiques, de prendre des options courageuses et patriotiques pour restaurer la sécurité, pour restituer au peuple malien sa dignité et son honneur bafoués et à notre pays sa grandeur d’antan, mis sous le boisseau par les errements du passé ».

« Ce changement de paradigme s’est imposé à nous au regard du quotidien tragique de nos populations qui souffrent le martyr depuis 2012, du fait de l’insécurité, du terrorisme et des tensions intercommunautaires. Le changement de paradigme sécuritaire nous est aussi dicté et enseigné par les exemples récents de la géopolitique, comme ce qu’il s’est passé en Afghanistan, où, la lassitude et l’impuissance de la Communauté internationale, après 20 ans de présence militaire, ont fini par mettre les Afghans devant leur triste sort », indique-t-il.

« Nous, Autorités de la Transition malienne, et le peuple malien avons tous en mémoire les images de ces Afghans accrochés avec l’énergie du désespoir aux trains d’atterrissage des avions, voulant abandonner leur pays, malgré deux décennies de démocratie électorale et de sécurité artificielle, pourtant largement soutenues par les troupes internationales. L’expérience de ce pays prouve bien que l’élection à elle seule ne suffit pas pour assoir la démocratie. Elle est une condition essentielle, mais pas suffisante », se rappelle Maiga.

« Nous avons aussi en mémoire ce qu’il est advenu de la Libye en 2011, un pays naguère stable et prospère, dont, sous le couvert de l’instauration de la démocratie, la dislocation voulue, planifiée et exécutée par des pays disposant de responsabilités internationales au sein du Conseil de sécurité de l’ONU est intervenue pendant que les Nations Unies prônaient la protection des civils et la création d’une zone d’exclusion aérienne à Benghazi, à travers la résolution 1972 du 17 mars 2011 », a déclaré le Premier ministre avant d’évoquer la suite de cette invasion en Libye.

« On connait la suite de l’effondrement de ce grand pays qui est  unanimement reconnu comme l’une des causes principales de l’instabilité et de l’implantation des mouvements séparatistes et terroristes au Mali et dans les pays du Sahel », a-t-il indiqué.