« Monsieur Souley Oumarou, diplômé d’études supérieures en banque, est nommé Directeur général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale ». C’est ce qui ressort du compte rendu du Conseil des ministres du 18 novembre 2021. Le nouveau maitre de Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) n’est pas un inconnu du panthéon de la mauvaise gouvernance au Niger.
Souley Oumarou, l’ancien Directeur de la Société nigérienne de banque (Sonibank) revient aux affaires. Celui-là même dont le passage à la tête de la Sonibank a laissé un « trou noir », révélé dans l’enquête internationale sur le vaste détournement des ressources allouées au ministère nigérien de la Défense.
Par le biais de cette banque, révèle l’enquête, « un virement bancaire de 2.282.730.360 fcfa représentant une avance sur travaux de la maintenance des hélicoptères militaires MI-35, a été effectué sur le compte Sonibank n°25111123991/89, ouvert au nom de la société TSI appartenant à Aboubacar Hima Massi, qui a frauduleusement usurpé la représentation officielle de RUSSIAN HELICOPTERS »
Aussi, l’investigation rapporte que « dans le cadre de la fourniture de bombes, cartouches et accessoires militaires par la société BRID A DEFCON, un virement de 17.002.995 801 fcfa a été également effectué à la Sonibank sur le compte n°25112039471-10 appartenant à Aboubacar Hima Massi. Pour la fourniture de matériels de vision nocturne, dont la société YENTCHENG GOTHY Security and protection a été adjudicatrice, un virement d’un montant de 3.145.290.000 fcfa, a été fait sur le compte Sonibank n°25112029271/55 du représentant de la société, Monsieur Mamane Nagari ».
L’enquête précise que dans la même banque que dirigeait Souley Oumarou à l’époque, « une avance de 286.805.506 fcfa a été virée sur le compte Sonibank n°25112170461/84 au nom des Etablissements Sahel Niger (ETS SAHEL NIGER) appartenant à « Moussa Qualité ». Cette somme est liée à un marché d’un montant de 3.671.183.736 fcfa pour la livraison de grillage devant servir à clôturer 12 postes militaires de reconnaissance dans la zone nord Tillabéry et Tillia. »*
« Je ne peux pas vous répondre »
Ces virements nés des affaires frauduleuses ont tous été accomplis sous le parapluie de Souley Oumarou, alors Directeur général de la Sonibank. Interrogé au fort de l’enquête par ICIJ (Consortium internationale des journalistes d’investigation) basé à Washington, l’intéressé par manque d’arguments, avançait au bout du fil « qu’est-ce qu’il y a ? Oui ? Un journaliste ? Je ne peux pas vous répondre. »
Par cette posture, Souley Oumarou veut sans doute se soustraire des questions embarrassantes. Celle par exemple relative à ses liens étroits avec le tristement célèbre marchand d’armes Aboubacar Hima Massi dit « petit Boubé, style féroce ». Nos sources rapportent que c’est avec la bénédiction de l’ancien Directeur général de la Sonibank que ce marchand d’armes a fait le placement de plusieurs dépôts à terme (DAT) dans certaines banques de la place, après qu’il ait été chassé du Nigeria voisin.
L’autre question que Souley Oumarou évite qu’on lui pose, c’est certainement l’immeuble de plusieurs dizaines de millions de francs cfa qu’il aurait construit avec la clairvoyance du marchand d’armes Aboubacar Hima Massi dit « petit Boubé, style féroce ».
Un choix sulfureux !
Au Niger, la CNSS est déjà gangrené par un affairisme et un népotisme jamais égalé. Nommé un personnage de la tempe de Souley Oumarou pour la diriger semble être un choix sulfureux. Cette nomination, en elle seule, explique le sort que le président Bazoum, malgré sa profession de foi, réserve aux intérêts des retraités et autres orphelins nigériens. Elle dévoile aussi le vrai visage du successeur du chantre de la mal gouvernance au Niger, qui, après 10 ans de gestion hasardeuse et clanique, est obligé de se bunkeriser pour ne pas voir croiser le regard triste du peuple qu’il a tant meurtri.
A la lecture du sort réservé au dossier emblématique des malversations au ministère nigérien de la Défense, l’on voit mal comment le président Bazoum peut sévir contre un commerçant proche de l’ancien président Issoufou qui a réussi à engranger, à lui seul, des centaines de milliards au ministère de l’Equipement avec en toile de fond des travaux payés par l’Etat mais non exécutés.
Que dire encore des ministères du Pétrole et des mines où des spéculations inédites ont été faites sur des blocs pétroliers au détriment de l’intérêt des Nigériens ? C’est dire tout simplement que le président Bazoum est le binôme parfait de son prédécesseur Issoufou.