Ce vendredi 07 mai 2021, la justice nigérienne va donner son verdict dans le procès du journaliste d’investigation Moussa Aksar, accusé de diffamation dans son enquête sur les malversations financières au ministère de la Défense nationale du Niger. Une amende de 500.000 francs cfa est requis contre lui à l’issue de sa comparution en avril.
L’article 31 de la Constitution de la République du Niger dispose que « toute personne a le droit d’être informée ». La Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’ouest (CENOZO) pense que cette disposition constitutionnelle ainsi que l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, librement ratifié par la République du Niger, doivent guider la justice nigérienne à prononcer un verdict en faveur de la liberté d’informer.
La CENOZO rappelle que l’enquête de Moussa Aksar est basée sur des rapports d’activités suspectes de l’Unité de renseignement du Trésor américain et le Réseau de lutte contre la criminalité financière, connu sous le nom de « FinCEN ». De ce rapport est née l’enquête journalistique mondiale dénommée FinCEN Files, pilotée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), dont le journaliste Aksar est aussi membre. ICIJ est d’ailleurs nominée, à travers cette enquête, au Prix Nobel de la Paix.
Dans son article intitulé « FinCEN Files – Malversations au ministère nigérien de la Défense : 71,8 milliards de francs CFA captés par des seigneurs du faux », Moussa Aksar a montré comment de hauts responsables de l’armée et proches du pouvoir sont impliqués dans le détournement de fonds destinés à l’acquisition de matériels militaires.
Moussa Aksar est un journaliste d’expérience dont la probité et l’éthique sont connues au plan mondial. Fondateur du journal « L’Évènement », Moussa Aksar est président en exercice de la CENOZO et membre de plusieurs organisations internationales de journalistes d’investigation. Son travail de journaliste d’investigation lui a déjà valu des poursuites judiciaires et des détentions arbitraires au Niger.
La CENOZO appelle les autorités nigériennes à prendre les mesures nécessaires pour protéger le journaliste Moussa Aksar qui avait l’objet de menace de mort au moment où il menait son enquête et dont la plainte devant la justice est restée sans suite à ce jour.
Ouagadougou, le 05 mai 2021