Usurpation du logo de la Télévision nationale du Niger (RTN) à des fins de désinformation

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Ph : DR

Depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023, de nombreuses informations sur le Niger circulent sur les réseaux sociaux dont la plupart se sont révélées fausses. Plusieurs techniques ou méthodes sont utilisées dans le cadre de cette manœuvre de désinformation, notamment l’attribution des propos non tenus à certaines autorités de la transition, la manipulation des chiffres et des images, ainsi que l’usurpation de la charte graphique de la Télévision nationale.

Sur le réseau social Facebook, un profil prétendant être affilié à la radio et télévision du Niger (RTN) a récemment attiré l’attention du public suit à la publication d’une fausse information, avec la bannière de la Télévision nationale, sur les actions du gouvernement et les opérations militaires en cours dans le pays. C’est la première fois qu’un profil usurpe l’identité de la télévision nationale du Niger. Même si la publication a été supprimée quelques heures après, le compte qui a diffusé cette information est toujours identifiable sur le réseau social. Dans un communiqué le 10 juin 2024, la Télévision nationale a fait cas de cette usurpation de son identité par un profil inconnu.

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La note de démenti publiée par la RTN

L’information incriminée est publiée par un certain Antoine Akonadjee, un activiste béninois suivi par 71 personnes et ayant 4 290 amis. Ce profil publie généralement des reportages vidéo, mais pour le cas du Niger, il ne publie que des messages dénigrant les autorités Nigériennes. Aucune information digne de ce nom n’est publiée. L’essentiel de ses publications sur le Niger sont des insultes au sens juridique du terme.

Les informations diffusées par ce profil présentaient plusieurs incohérences. Le profil partage régulièrement des nouvelles sensationnalistes, qui étaient le plus souvent sans fondement et qui divergeaient totalement des reportages authentiques de la RTN. Presque toutes les publications de ce profil ont un caractère haineux et méprisant à l’égard des autorités nigériennes. Il a également la particularité de ne pas interagir avec ses abonnés, probablement pour ne pas être amené à justifier ses « informations », sachant bien qu’il s’est inscrit dans une posture de dénigrement. 

Du reste, comme beaucoup d’imposteurs, il n’est pas intéressé à connaître les points de vue de ses abonnés. Les « fausses publications de la RTN » sont souvent accompagnées de titre accrocheur et alarmiste, invitant avec insistance les lecteurs à les partager massivement. Ce qui contribue à la propagation rapide de ces fausses informations. 

Suite à la diffusion du communiqué de la RTN en date du 10 juin 2024, Antoine Akonadjee a aussitôt supprimé de sa page toutes les publications usurpant le logo de cet organe d’information. Et depuis, il a cessé de publier le même type d’informations, sachant pertinemment qu’il a été démasqué, avec le risque d’être poursuivi par la RNT comme elle l’a précisé dans son communiqué.

L’usurpation d’identité numérique est un délit qui est puni au Niger par la loi n° 2024- 28 modifiant la loi n°2019-33 du 03 juillet 2019 portant répression de la cybercriminalité au Niger signé le 7 juin 2024 par le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Partie, Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani. Si le coupable derrière ce profil est identifié, il pourrait être poursuivi pour diffamation, usurpation d’identité et propagation de fausse information. 

La prolifération de fausses informations sur les réseaux sociaux représente est une menace croissante pour la stabilité sociale et la sécurité des Etats. Avec le développement des deepfakes, le public doit rester vigilant, vérifier la source des informations et ne pas se laisser manipuler par des entités malveillantes. Les autorités doivent redoubler d’efforts pour combattre la désinformation en ligne et protéger l’intégrité des institutions nationales.

Sadou Gazibo Sakina

Cette enquête a été réalisée dans le cadre du projet « Révéler la vérité grâce à OSINT » mis en œuvre par le journal « L’Evènement » en collaboration avec le Centre pour l’Innovation du Journalisme et le Développement (CJID) avec le soutien financier de OSF Africa.