Secteur culturel et COVID-19 : Un domaine fortement secoué au Niger et dans le monde

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Dans tous les pays du monde et au Niger en particulier, la pandémie à coronavirus a plongé le secteur culturel dans une véritable impasse. Avec les mesures restrictives prises par les autorités de notre pays après l’apparition du 1er cas en mars 2020, figurent en bonne place, la fermeture des salles de spectacles, des salles de cinéma, des bars….. Et l’artiste qui ne vit que pour cet art et par cet art se trouva en ruine.

Selon les données fournies par l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), le secteur culturel représente trente (30) millions d’emplois qui doivent être soutenus en raison de la Covid-19. L’industrie cinématographique a également été durement touchée avec dix (10) millions d’emplois perdus en 2020. Rien que la fermeture des bars, des spectacles musicales a entrainé  une perte de dix (10) milliards de Dollars Us. Enfin, l’Edition des livres a connu une baisse de 7, 5%.

Des spectacles en ligne sont organisés dans le seul but de sensibiliser les populations pour qu’elles respectent les gestes barrières. L’objectif c’est de se protéger et de protéger les autres. Boubacar Djingarey Maiga, Cinéaste, réalisateur explique « avec l’épidémie de Covid-19 le monde culturel a traversé une grande crise  due au report des festivals, des expositions, des concerts et l’annulation des voyages, en somme toute l’industrie culturelle s’est subitement arrêtée. A notre niveau, nous ne nous sommes pas laissé trop abattre par cette maladie,  nous avions tourné à cercle restreint, et d’autres artistes dans bien d’autres disciplines ont pu créer des œuvres.»

Avant d’ajouter « Ce qui m’a le plus marqué pendant cette période c’est mon film documentaire ‘’les patrouilleurs’’ qui a remporté le Premier Prix de Clap Ivoire à la phase internationale. Ce festival annuel se déroule en septembre à Abidjan en Cote d’Ivoire. Pour des raisons liées à la Covid, tout s’est passé en ligne, j’aurais bien aimé avoir ce trophée sous les feux des projecteurs avec les autorités malheureusement non. Depuis le confinement tout se passe par voie digitale. Avec un pays comme le Niger ou la connexion internet n’est pas à la portée de tous, et souvent si on a la possibilité d’avoir les moyens pour se l’offrir, elle est lente, imaginez le calvaire d’un artiste qui attend de suivre un spectacle et qui se retrouve sans connexion ou avec une mauvaise connexion ».

Aichatou Soumaila Ali, artiste musicienne du groupe Sogha, quant à elle affirme « cette crise sanitaire nous a affaibli si je peux le dire,  cette pandémie de la Covid 19 a créer des mécontents dans le monde artistique ».  A bien l’entendre, les programmes culturels de l’année 2020 ont été annulés. Les artistes se sont retrouvés par la force des choses dans un chômage technique sans aucunes ressources financières.

Aichatou Soumaila Ali, artiste musicienne du groupe Sogha

Au Niger, l’Etat à travers l’Association Nigérienne des Auteurs Compositeurs Interprètes et des Métiers de la Musique) a accompagné les artistes, en distribuant gratuitement des vivres (mil, mais, riz, haricot, etc.),  un renfort alimentaire pour améliorer les conditions de vie des artistes et de leurs familles au cours du confinement. Sachant que bon nombre d’entreprises culturelles gagnent des prestations en temps normal avec des retombées financières acceptables. A l’international il y’a eu des appels à candidature des artistes nigériennes ont postulé et ont gagné des prix comme ce fût le cas de Rahina Balarabé. Il y’a également eu des promesses d’aide financière et les artistes attendent toujours.

Joël Moulaye Chanoun, danseur chorégraphe, Professeur de Danse, Promoteur du festival ‘’Takarawa’’, a bien senti la crise. Celle-ci a eu un impact réel sur ses activités, cela l’a énormément handicapé. Il a dû suspendre son festival de danse deux années consécutives.

Joël Moulaye Chanoun, danseur chorégraphe, Professeur de Danse, Promoteur du festival ‘’Takarawa’’ (Crédits photo : Afroto)

Et de l’autre côté, paradoxalement, le confinement lui a permis d’éclore ses talents de danseur chorégraphe. «  J’étais en pleine préparation de la 5ème édition du festival avec des dépenses déjà engagées quand le premier cas a été repéré, s’en est suivi, ces fortes mesures qui a plongé tout le secteur dans une léthargie. Avec la fermeture des salles de spectacles, pas de compétition, ni de répétitions. Fort heureusement, les entrainements peuvent se faire sur un petit espace à la maison » a-t-il laissé entendre.

A l’appel du comité technique de gestion de la réponse à la pandémie de Coronavirus, une coordination multi-sectorielle a été mis en place par les autorités. Joël et ses coéquipiers ont créé une percussion ‘’ confinés entre quatre murs’’ diffusée sur la chaine nationale.

« Nous avions monté une petite vidéo avec une version courte de une ( 1)  minute 40 et une version complète de  quatre (4) minutes 4 secondes pour montrer le respect des gestes barrières. Nous avions fait cette création artistique et jusque-là on attend l’accompagnement financier du comité technique. J’ai néanmoins, personnellement bénéficié de l’aide en vivres octroyée aux artistes par l’Etat pendant le confinement » a précisé l’artiste chorégraphe

Aîssa Abdoulaye Alfary

Article écrit et publié dans le cadre du projet Covid-19 Response in Africa mis en œuvre par le consortium composé de Free Press Unlimited, ARTICLE 19, Deutsche Welle Akademie, Fondation Hirondelle, International Media Support, Reporters Sans Frontières, UNESCO et financé par la Direction Générale de la Coopération Internationale et du Développement (DG DEVCO) de la Commission Européenne