Retrait de la force militaire Barkhane au Mali : un aveu d’échec selon d’Oxfam France

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Dans une annonce faite ce jeudi 17 février 2022, la branche française de l’organisation mondiale qui lutte contre les inégalités sociales fustige le retrait de la force militaire Barkhane au Sahel. « Cette décision est un terrible aveu d’échec de la politique menée par la France au Sahel depuis près de dix ans », a réagi Cécile Duflot la présidente d’Oxfam-France.

Pour l’ancienne ministre française, ce retrait n’est ni autre chose qu’un échec. Car a-t-elle indiqué, « Barkhane se retire du Mali sans que les raisons qui l’ont amenées au Sahel n’aient été véritablement réglées » à savoir, l’insécurité, l’instabilité politique.  Au contraire, elles ont plutôt accentué le sentiment anti-français.

La responsable de l’organisation humanitaire pense qu’on n’en sera pas à ce stade aujourd’hui si des propositions avaient été prises en considération. « Nous sommes nombreux depuis des années à appeler à une réorientation des stratégies dans la région, alertant sur l’impossibilité pour les structures militaires seules de répondre aux causes profondes des conflits sahéliens qui sont avant tout liés à des enjeux de gouvernance, d’inégalités marquées et de défiance profonde des populations face à leurs autorités », a-t-elle rappelé.

L’ex-ministre de l’Ecologie n’a pas été également tendre avec la France. Si elle reconnaît que Paris « a sincèrement voulu aider le Sahel », il a, selon la présidente d’Oxfam-France, « pêché par manque d’humilité et une approche ressentie à travers la région comme paternaliste et souvent incohérente, refusant souvent d’entendre les sociétés civiles de ces pays ».   

Pour autant, le retrait de Barkhane au Mali ne devrait pas laisser placer à un pessimisme. Il faut anticiper en, selon les mots de Cécile Duflot, tirant les leçons du passé.  « Il est temps d’avoir un débat sur notre politique au Sahel, débat qui a d’ailleurs cruellement manqué ces dernières années », a-t-elle souhaité.

Oxfam France par la voie de sa présidente interpelle d’ores et déjà la prochaine ou le prochain président de la République française. Elle l’invite à s’engager « à mener dès les premiers mois de son mandat une consultation inclusive avec le Parlement, les acteurs des diasporas sahéliennes en France, le monde de la recherche et les sociétés civiles du Sahel » et de la France « Au risque sinon de répéter encore et toujours les mêmes erreurs ». 

Cécile Duflot a toutefois salué la mémoire des soldats français tombés au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane (qui a duré 9 ans). Aussi a-t-elle regretté que l’intervention militaire au Sahel n’ait pas fait objet de débat à l’Assemblée nationale française à l’exception de Serval en 2013.

L’ex-ministre tire (encore) la sonnette d’alarme. Au Sahel actuellement, 2,1 millions de personnes ont fui les violences tandis que 13 millions ont besoin d’aide humanitaire.