Niger : TLP-Niamey monte au créneau après l’interdiction d’une manifestation pacifique

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Point de presse du mouvement TLP Niamey

Lors d’un point de presse samedi, la Coordination régionale de Niamey du mouvement « Tournons La Page » (TLP-Niamey) a réagi à l’interdiction de la marche pacifique qu’elle projetait organiser le dimanche 30 janvier 2022. Maintenant toujours sa volonté d’organiser ultérieurement la manifestation, le mouvement a promis de mener un « combat générationnel » pour libérer le peuple et assoir des bases solides d’une vraie démocratie au Niger.

La marche suivie de meeting de TLP-Niamey a été interdite vendredi par un arrêté du président du Conseil de ville de Niamey. Une décision qui surprend les organisateurs du fait qu’elle est intervenue en fin de semaine. Ce qui, selon eux, fait obstruction à leur éventuel recours devant une juridiction. Ils affirment être surpris face cette interdiction, d’autant plus que le Président de la République avait, suite à une rencontre avec des responsables des structures de la société civile, pris des engagements pour ne plus cautionner les entraves à la jouissance de certains droits et libertés fondamentaux, notamment la liberté de manifester. Cette volonté du président avait, en outre, été réaffirmée et appuyée par le président de conseil de ville de Niamey, au cours d’une sortie médiatique, le 21 janvier dernier, où il avait donné son accord de principe pour la tenue de ladite manifestation, ont tenu à rappeler les organisateurs lors du point de presse.

« Après de telles professions de foi, personne ne pouvait imaginer qu’on puisse aboutir à une interdiction de ladite manifestation. Mais, malheureusement, à la surprise générale, hier (vendredi 28 janvier 2022 – NDLR), dans l’après-midi, un courrier nous retrouve au siège de notre organisation portant interdiction de la marche suivie de meeting projetée ce dimanche 30 janvier à Niamey », s’est lamenté le coordonnateur de TLP-Niamey, Moudi Moussa. « D’abord, nous tenons à préciser que cette notification nous a été faite à une heure non-indiquée, c’est-à-dire un vendredi, dans les environs de 17 heures. Et ensuite, on a vu circuler sur les réseaux sociaux le même document », a déploré TLP-Niamey.

Selon Moudi Moussa, aussitôt qu’ils ont reçu la notification d’interdiction de la marche, les organisateurs ont décidé de saisir leurs avocats afin qu’ils puissent attaquer cette décision en référé. « Mais, malheureusement, encore à l’heure où je vous parle, aucun juge n’est disponible pour prendre notre requête. Ce qui constitue une preuve supplémentaire que la justice continue d’être utilisée pour museler les libertés et restreindre davantage l’espace civique », a-t-il affirmé.

Selon lui, face au tel fait, qualifié d’aberration pour la démocratie, la seule option qui s’offre aux organisateurs de la marche, c’est celle de la lutte permanente et d’une mobilisation citoyenne conséquente « pour dire de vive voix aux dirigeants que s’ils ont été désignés, c’est pour donc être des serviteurs du peuple et non des bourreaux pour leurs droits et libertés chèrement acquis par le biais de haute lutte ».

Dans sa déclaration, le coordonnateur de TLP-Niamey rappelle que ce combat n’est pas que celui de TLP, mais un « combat générationnel pour libérer notre peuple et assoir des bases solides d’une vraie démocratie ». « Ce combat est celui de la dignité pour la souveraineté de notre peuple ». Ainsi, réaffirmant son engagement à mener fermement ledit combat, TLP-Niamey a appelé les citoyens nigériens à rester mobilisés, en ne baissant point la garde.

« En ce qui concerne TLP, nous allons continuer à nous battre pour assurer la jouissance de tous les droits et libertés des citoyens, dont le droit à la manifestation aujourd’hui confisqué. Une synergie d’actions sera déployée pour l’organisation par l’ensemble des huit (08) coordinations de TLP à travers le pays pour des actions d’envergure de protestation », a promis Moudi Moussa.

A noter que la manifestation interdite avait pour principales revendications, selon ses organisateurs, de dénoncer le climat délétère d’insécurité qui prévaut au Niger et dans le Sahel ; dénoncer la corruption et le détournement des deniers publics ; exiger la libération des détenus politiques et/ou d’opinions. Il aurait également été question de protester contre la vie chère au Niger ; exiger le retrait, sans condition, de toutes les bases militaires étrangères, particulièrement celles françaises ; exiger la justice pour les jeunes de Téra, assassinés le 27 novembre 2021 ; soutenir les forces nationales de défense et de sécurité (FDS) dans la lutte contre le terrorisme ainsi que le peuple malien face aux sanctions « illégales et illégitimes » imposées au Mali par la CEDEAO et l’UEMOA.