La force française Barkhane a annoncé qu’un de ses véhicules a percuté « accidentellement » une personne, à la sortie de la ville d’Ayorou, dans la région de Tillabéri. La victime a succombé à ses blessures à l’hôpital de Tillabéri où elle a été admise pour des soins, a indiqué Barkhane dans un communiqué. Ce décès vient s’ajouter aux trois civils tués par bal par le convoi de Barkhane le 27 novembre 2021 à Téra, toujours dans la région de Tillabéri. Ce qui exacerbe la contestation de la présence de soldats français au Niger.
« Le 29 juillet, vers 20h, à la sortie de la ville d’Ayorou, un véhicule de la Force Barkhane a renversé accidentellement une personne qui se trouvait au bord de la route », a annoncé, le 20 juillet 2022, la Force française, dans un communiqué. « La victime a été évacuée vers l’hôpital de Tillabéri », ajoute le document, annonçant qu’ « elle est décédée à l’hôpital des suites de ses blessures dans la nuit ». Déplorant « l’accident » et en présentant ses condoléances à la famille de la victime, Barkhane a indiqué, dans le même communiqué, qu’elle « coopère avec les autorités nigériennes pour déterminer les causes exactes de cet accident ».
Les Nigériens s’indignent
Cet incident a provoqué l’indignation de la population de Tillabéri et des Nigériens, qui d’ailleurs ont contesté l’installation de la force Barkhane au Niger. Selon les récits de certains ressortissants d’Ayorou qui disent être témoins des faits, le drame est loin d’être un accident. La victime qui partait à la prière de Maghrib, vers 19h10, aurait été d’abord tabassée par les éléments de l’armée française qui l’aurait, par la suite, tuée avant de rouler sur lui et quitter le lieu, racontent-ils.
Selon toujours ces ressortissants, c’est par après que le commissaire de police avait rappelé les éléments de la Barkane sur le lieu du crime en y invitant les responsables administratifs de Tillabéri, dont le préfet et le maire, pour témoigner de la scène. Les ressortissants d’Ayorou affirment par ailleurs que ce sont eux qui se sont débrouillés pour procéder à l’évacuation de la victime à l’hôpital de Tillabéri où elle a rendu l’âme.
Les autorités de Tillabéri sommées de démissionner
Les ressortissants de la région de Tillabéri donnent un ultimatum d’une semaine à leurs autorités pour démissionner de leurs postes, sans quoi, ils seraient considérés comme « ennemis de Tillabéri ». « Que tu sois ministre, député ou autre chose, étant de la région de Tillabéri, on vous demande de démissionner d’ici à une semaine », lance un citoyen dans un vocal largement partagé sur WhatsApp.
Il indexe l’ancien président de la République, Mahamadou Issoufou et l’actuel, Mohamed Bazoum, d’avoir permis l’installation de la force Barkhane au Niger en lui permettant de tuer impunément les citoyens nigériens. « Ils ont amené les forces qui ont tué nos enfants, sans rien dire. Et cette fois-ci encore », affirme-t-il, soutenant d’un ton nerveux que « il y a trop de foutaise et d’impolitesse. Ça suffit comme ça ».
Quatre civils tués en moins d’un an
Cette nouvelle victime de la force Barkhane, installée au Niger au nom de la lutte anti-djihadiste, vient s’ajouter à trois autres jeunes tués et plusieurs autres blessés par des armes létales, le 27 novembre 2021. Une enquête avait alors été ouverte, par la gendarmerie du Niger et l’armée française, « pour déterminer les circonstances » de la tragédie. Ce n’est que le 17 mai 2022, que le gouvernement nigérien a rendu publiques les conclusions de ladite enquête, annonçant, contre toute attente, que l’exploitation des résultats de l’enquête n’a pas permis de « cerner le déroulement exact » de ces événements tragiques.
C’est ainsi que les deux pays (la France et le Niger) ont alors décidé de dédommager « à parts égales » les familles de victimes, mais aussi des blessés. Un dédommagement à hauteur de 50 millions de francs cfa pour chacune des familles concernées. Dans leur majorité, les Nigériens n’ont pas digéré l’issue de cette affaire où la responsabilité des soldats français a été pourtant clairement établie par plusieurs sources. Ils s’attendaient plutôt que la justice soit faite pour ces victimes. La situation fâcheuse de ce 19 juillet exacerbe la contestation dont la force Barkhane fait l’objet au Niger depuis un certain temps et un peu partout en Afrique de l’Ouest.