Niger – Niamey : une manifestation publique autorisée après 5 ans d’interdiction

0
606
Manifestation de la société civile contre la corruption au Niger.

Après 5 ans d’interdiction, le Conseil de ville de Niamey a enfin autorisé une manifestation publique des organisations de la société civile. La manifestation initiée par le mouvement « M62 » a fait l’objet d’une interdiction avant d’être autorisée après un recours gracieux auprès du président du Conseil de ville.

Le 14 septembre 2022, le président du conseil de ville de Niamey avait annoncé, par décret, la levée de l’interdiction de la marche suivie de meeting que projette d’organiser, le 18 septembre prochain, le mouvement « M62 ». La marche avait été interdite dans un premier temps, le 12 septembre, par les autorités municipales « pour raisons sécuritaires, risque d’infiltrations et risque de troubles à l’ordre public ». Le Réseau Panafricain pour la Paix, la Démocratie et le Développement (REPPAD) a alors introduit, le lendemain, une demande de recours gracieux qui a finalement abouti à la levée de l’interdiction de sa manifestation.

C’est pour la première fois que le « M62 » pourra organiser une marche publique depuis son lancement le 03 août 2022. A travers cette marche, le mouvement entend dénoncer l’augmentation du prix du litre à la pompe du gasoil et s’opposer à la vie chère de façon générale ; exiger le départ de la force Barkhane du territoire nigérien et exprimer sa solidarité et apporter son soutien à l’État malien dans sa démarche de « saisine du Conseil de Sécurité des Nations-Unies contre l’Eta français ». 

Une première tentative de marche a été avortée suite à l’opposition systématique du Conseil de ville de Niamey. La marche était projetée pour le 17 août 2022, mais n’a finalement pas eu lieu. La décision de son interdiction a été attaquée devant le juge de référé du tribunal de grande instance de Niamey. Ce qui n’a pas abouti à la tenue de la marche. Le « M62 » a ainsi engagé d’autres actions pacifiques telles que « la prière, le jeûne, la méditation citoyenne, la mise en ligne d’une pétition, une caravane de sensibilisation à l’intérieur du pays », a expliqué le Coordonnateur du REPPAD, Abdoulaye Seydou. A ces actions, s’ajoute la décision d’organiser une « marche pour la dignité ».

Cette manifestation, qui aura enfin lieu, a été initiée par une quinzaine d’organisations de la société civile, réunies autour d’un mouvement dénommé « M62 ». Ledit mouvement a été lancé le 03 août dernier à l’occasion du 62ème anniversaire de l’indépendance du Niger. Il compte aujourd’hui une vingtaine d’organisations et vise à « défendre, préserver et sauvegarder la souveraineté et la dignité du peuple nigérien ».

Les initiateurs estiment que ces valeurs sont mises à mal par « la mauvaise gouvernance, la banalisation de la souveraineté nationale, la cherté de la vie, l’indifférence et l’insouciance des gouvernants face aux souffrances des populations ». Depuis son lancement, le mouvement a surtout décrié l’augmentation du prix à la pompe du litre de gasoil de 138 francs cfa entrée en vigueur depuis le 1er août.

Au Niger, depuis 2017, aucune manifestation de la société civile n’a été autorisée. Au regard du refus systématique des manifestations, par les autorités municipales, les organisations de la société ont, à maintes reprises, dénoncé une restriction de l’espace civique et des libertés d’association, de réunion et de manifestation, pourtant garanties par la constitution. Alors, l’autorisation de cette manifestation marquera-t-elle l’ouverture de l’espace civique au Niger après toutes ces années ? L’avenir nous le dira.