Niger – Manifestants tués au passage du convoi français: le REPPAD condamne un usage disproportionné de la force

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A la suite des événements survenus au Niger avec les manifestants tués lors du mouvement d’humeur du mois dernier contre la présence française en Afrique, la Coordination Nationale du Réseau Panafricain pour la Paix, la Démocratie et le Développement (REPPAD) a exprimé son indignation face à ce qu’elle appelle « l’usage criminel et disproportionné de la force contre des populations civiles ».

Dans une déclaration de presse le REPPAD a réagi après que des manifestants qui avaient bloqué un convoi de l’armée française au Niger, ont été tués par des tirs d’arme à feu. Le réseau a condamné ce qui s’est passé et a réitéré son opposition à la présence de forces françaises en Afrique. Il dénonce aussi le manque de transparence et l’opacité qui caractérise la présence, les mouvements et les actions des forces françaises au Burkina Faso, au Mali et au Niger et exige par conséquent leur départ

DECLARATION DE PRESSE

Le Bureau Exécutif de la Coordination Nationale du Réseau Panafricain pour la Paix, la Démocratie et le Développement (REPPAD) a suivi avec consternation et indignation l’usage criminel et disproportionné de la force contre des populations civiles qui manifestaient contre le passage d’un convoi de la force barkhane le samedi 27 Novembre 2021 dans la localité de Téra (région de Tillabéri au Niger) entrainant ainsi la mort de trois (3) jeunes et plusieurs blessés graves majoritairement touchés par des balles réelles évacués sur l’Hôpital National et  l’Hôpital de Référence de Niamey où ils subissent actuellement des soins.

Plusieurs témoins présents sur les lieux de la manifestation relayés par des médias internationaux et les réseaux sociaux ainsi que tous les 13 blessés rencontrés par le REPPAD les 06 et 08 Décembre 2021 attribuent l’origine de ces tirs barbares sans discernement aux soldats français du convoi de la force Barkhane qui, pourtant prétendent agir au Sahel contre l’insécurité et donc pour la protection des citoyens.

Ces témoignages sont corroborés par des images et vidéos montrant clairement l’aviation française larguer sur les manifestants des gaz de lacrymogène et autres substances toxiques dangereuses pour la santé humaine suivi des tirs au sol par des éléments  non encore identifiés alors qu’elle (la force barkhane au Sahel) est restée jusque-là incapable de repérer et anéantir les déplacements par centaines de motos des groupes terroristes massacrant nos Forces de Défense et de Sécurité et les populations civiles de jour comme de nuit au Burkina Faso, au Mali et au Niger.

Face à la gravité de cette situation sans précèdent attentatoire au Droit à la vie, à la Dignité Humaine et à la Souveraineté Nationale, le Réseau Panafricain pour la Paix, la Démocratie et le Développement (REPPAD), fidèle à ses idéaux panafricains et profondément attaché aux principes et valeurs de justice, de patriotisme et de solidarité qui fondent son action rend la déclaration suivante :

1.            Condamne avec la dernière énergie ces actes barbares et terroristes contre des populations civiles à Téra et l’usage de la force aveugle comme moyens de se faire accepter par les populations du Sahel qui en ont ras-le-bol de l’impuissance des Etats et de leurs « partenaires étrangers » face à l’insécurité et à la dégradation continue de leurs conditions de vie aggravées par la mauvaise gouvernance, l’injustice et les inégalités sociales.

2.            Présente ses condoléances les plus attristées et exprime toute sa compassion aux familles des victimes de l’insécurité et des événements de Téra en particulier et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.

3.            Salue l’attitude professionnelle et conciliante attestée par les populations sur place des forces de défense et de sécurité nigériennes en occurrence les éléments de la Gendarmerie Nationale.

4.            Réitère son opposition de principe à l’installation des bases militaires étrangères en Afrique et plus particulièrement au Sahel quel que soit leur origine et hors du cadre Onusien et sans l’assentiment des populations.

5.            Dénonce le manque de transparence et l’opacité qui caractérise la présence, les mouvements et les actions des forces françaises au Burkina Faso, au Mali et au Niger et exige par conséquent leur départ tout comme celui de toutes les forces étrangères dont la présence n’a pas respecté les procédures légales prévues par les constitutions de nos Etats.

6.            Appelle le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme à diligenter une enquête internationale indépendante sur les évènements de Kaya et Téra en particulier et sur le rôle exact de la présence militaire de la France au Sahel notamment au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Tchad.

7.            Demande à la Commission Nationale des Droits Humains du Niger (CNDH), conformément à sa mission de veille, de promotion et de protection des Droits Humains sur l’ensemble du territoire national, de mener une mission d’investigation sur les événements de Téra et situer les responsabilités.

8.            Interpelle l’Assemblée Nationale sur son rôle constitutionnel de contrôle de l’action gouvernementale et l’engage à diligenter une enquête parlementaire sur les événements de Téra.

9.            Demande au Procureur de la Cour Pénale Internationale de s’autosaisir de cette affaire et ouvrir une information judiciaire sur les événements de Téra en vue de poursuivre les auteurs et coauteurs de ce crime crapuleux.

10.          Rappelle à la France et aux gouvernants du Sahel notamment ceux du Niger, que la souveraineté nationale appartient au Peuple. Aucune fraction du Peuple, aucune communauté, aucune corporation, aucun parti ou association politique, aucune organisation syndicale ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice.

11.          Par ailleurs le REPPAD condamne les exactions contre les populations civils et les attaques terroristes ayant entrainer la mort de plus d’une centaine de personnes dans les localités de l’Anzourou, Banibangou, Fantio, Tillia et Gueskerou au Niger et à Inata au Burkina Faso et dans les régions de Nara et Bandiagara au Mali.

12.          Recommande enfin aux gouvernements du Sahel de faire preuve d’unité et de solidarité dans la lutte contre l’insécurité et de faire confiance aux forces nationales en les dotant des moyens nécessaires et adaptés à leurs missions de sécurisation et de défense de l’intégrité nationale tout mettant en place des mécanismes assurant leur redevabilité vis-à-vis du respect des Droits de l’Homme indispensables à l’instauration de la confiance et à la bonne collaboration entre les populations et forces de défense et de sécurité.

Fait à Niamey le 08 Décembre 2021

Pour la Coordination Nationale

Le Président

SEYDOU ABDOULAYE