Le président nigérien Mohamed Bazoum, assure que la crise en Ukraine influe inéluctablement sur son pays et que des millions de personnes dans le pays devraient se retrouver dans une situation d’insécurité alimentaire relativement grave.
Dans un entretien accordé à TV5 Monde, Bazoum ne semble pas du tout enthousiasme quant aux prévisions pour le Niger, en ce qui concerne la sécurité alimentaire. Interrogé sur les conséquences de la crise ukrainienne sur son pays, il a indiqué qu’il y a « un contrecoup, un renchérissement du prix des denrées alimentaires. La Russie et l’Ukraine sont de grands exportateurs de blé. Par ailleurs, l’augmentation du prix de l’énergie aboutit à celui du transport, et le Niger est un pays enclavé, loin de la mer ».
Dans la même réflexion, le président nigérien assure que « dans le contexte d’une année déficitaire en pluviométrie, nous avons évalué que 3,5 millions de personnes seront dans une situation d’insécurité alimentaire relativement grave ». Il va sans dire que le Niger se retrouve otage de la guerre en Ukraine et du climat qui fait des siennes du fait des changements climatiques.
Le Niger avait pourtant mis en place une initiative pour anticiper ce genre chose liées à l’alimentation avec l’« initiative 3N », « le Niger nourrit les Nigériens », lancée il y a dix ans. Sur les résultats de ce projet, le président Bazoum estime que si malgré cela plus de trois millions de personnes souffriraient de la faim des suites d’une crise qui se déroule à des milliers de kilomètres de là, « c’est la preuve d’une inefficacité relative ».
« Nous n’avons jamais dit que nous avions l’ambition d’éliminer le déficit alimentaire. Nous n’avons pas assez de ressources pour changer radicalement le mode de production agricole. Mais sans l’initiative 3N, le déficit serait plus important encore », a indiqué Bazoum. Il soutient cependant que le Niger deviendra avec le temps, indépendant sur le plan alimentaire « parce qu’il possède de grandes potentialités ».
« Parmi les pays du Sahel, nous disposons des plus importantes réserves d’eau souterraine accessibles avec des moyens qui ne sont plus hors de portée. Les énergies renouvelables coûtent de moins en moins cher et le pays dispose de beaucoup de terres arables. La démographie est le grand défi. Quelles que soient nos performances économiques ou la pertinence de nos actions, tant que nous aurons une croissance démographique échevelée, nos efforts sembleront vains. Cette question n’est plus taboue », indique le président du Niger Mohamed Bazoum.
