Niger : « la condamnation de Moussa Aksar et de Samira Sabou est une atteinte grave à la liberté de la presse »

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Samira Sabou et Moussa Aksar

Le lundi 03 janvier 2022, le journaliste d’investigation Moussa Aksar, Directeur de publication du journal « L’Evènement » et Président du Conseil d’Administration de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO), est condamné à deux (02) mois de prison avec sursis et à 500.000 fcfa d’amende, pour avoir relayé sur le site internet de son journal, un article des experts de Global Initiative – une ONG de lutte contre la criminalité transnationale – sur le trafic de drogue au Niger. Cette condamnation est une atteinte grave et préjudiciable à la liberté de la presse au Niger.

En 2021, Moussa Aksar a comparu dans deux différents procès, avec plus d’une dizaine de convocations. Poursuivi en justice pour diffamation pour son enquête sur les malversations financières au ministère de la Défense nationale du Niger, Moussa Aksar a été condamné en première instance à 200.000 fcfa d’amende et à 1.000.000 fcfa de dommages et intérêts. Condamnation à laquelle le journaliste a interjeté appel.

Alors que le procès en appel n’est pas encore ouvert, Moussa Aksar fait l’objet d’une nouvelle procédure judiciaire, cette fois-ci, pour avoir relayé un article d’experts sur le trafic de drogue, qui met en cause les autorités nigériennes. Il est poursuivi en même temps que la journaliste nigérienne, Samira Sabou, à qui il est reproché d’avoir parlé de cet article dans une publication sur le réseau social Facebook.

La CENOZO note à travers ces différentes poursuites, un acharnement judiciaire savamment orchestré pour empêcher le journaliste d’investigation, Moussa Aksar, de faire sereinement son travail. Cela dénote d’une volonté manifeste des autorités nigériennes de réduire au silence un journaliste d’expériences dont la probité et l’éthique sont connues et saluées à travers le monde.

La CENOZO note également que la justice nigérienne, qui est prompte à instruire les plaintes contre les journalistes, fait, depuis près de deux ans, la sourde oreille à la plainte du journaliste d’investigation Moussa Aksar contre un trafiquant d’armes notoirement connu, qui l’a menacé de mort au moment où il menait son enquête sur les malversations financières au ministère de la Défense nationale du Niger.

La CENOZO rappelle aux autorités nigériennes que la liberté d’expression et d’information est un droit fondamental et inaliénable et un élément indispensable de la Démocratie, garantie par la Constitution de la République du Niger, la Charte africaine des Droits de l’Homme et des peuples et la Déclaration de principes sur la liberté d’Expression en Afrique.

La CENOZO appelle donc les autorités nigériennes à faire cesser l’acharnement judiciaire contre les journalistes et à travailler à l’instauration d’un environnement favorable à un journalisme de qualité, vitale pour l’enracinement de la démocratie et la promotion des valeurs universelles que sont : la paix, la tolérance, la justice, la bonne gouvernance et la non-discrimination pour une cohésion sociale durable.

Communiqué de la CENOZO. Ouagadougou, le 03 janvier 2022.