Mohamed Bazoum : « Les mesures de fermeture des frontières, ça n’existe pas dans le Traité de la Cédéao » (Palais de l’Elysée, le 9 juillet 2021)

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Mohamed Bazoum lors d'une conférence de presse à l'Élysée le 9 juillet 2021 / @STEPHANE DE SAKUTIN / POOL / AFP

Les sanctions économiques, financières et commerciales draconiennes prises par la CEDEAO et l’UEMOA contre le  Mali sont-elles illégales et illégitimes ? Oui, affirment les autorités maliennes dans un communiqué rendu public peu après l’annonce des résultats du Sommet extraordinaire d’Accra, le 10 janvier dernier.

« Le Gouvernement (du Mali) dénonce et rejette les décisions suivantes qui ne sont fondées sur aucun texte communautaire : 1). la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali ; 2). la suspension des transactions commerciales entre les pays de la CEDEAO et le Mali, le gel des avoirs de la République du Mali dans les banques centrales de la CEDEAO, le gel des avoirs de l’Etat malien et des entreprises publiques et parapubliques dans les banques commerciales des pays de la CEDEAO. Le Gouvernement du Mali regrette que des organisations sous régionales ouest africaines se fassent instrumentaliser par des puissances extra régionales aux desseins inavoués. »

Lire aussi : Les fausses notes de la CEDEAO sur le Mali

Il semble bien que le Président Mohamed Bazoum du Niger, en visite d’Etat en France en juillet dernier, ait donné raison antérieurement aux autorités maliennes. Au cours de la conférence de presse commune tenue le 9 juillet 2021 à l’Elysée avec Emmanuel Macron, son homologue français, Mohamed Bazoum a tenu les propos suivants : « Les mesures de fermeture des frontières et tout le reste, Monsieur le Président, ça n’existe pas dans le Traité de la Cédéao. Voilà pourquoi, nous Niger, nous n’avons pas préconisé cela… »

Six mois après ces propos, le Niger, le relais le plus radical des intérêts et positions de la France dans les crises maliennes, et les douze autres chefs d’Etat de la CEDEAO ont quand même voté le blocus des frontières terrestres et aériennes d’un pays membre, le Mali. Que s’est-il passé entre le 9 juillet 2021, date des propos de Mohamed Bazoum à l’Elysée, et le 10 janvier 2022, date de l’annonce des sanctions contre le Mali ? Le Traité de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest a-t-il été modifié pour prendre en charge des situations comme celle à laquelle les chefs d’Etat sont aujourd’hui confrontés et qui leur impose cette fuite en avant débridée ?

Pour le moins, l’aveu du Président nigérien renforce davantage les suspicions larges et légitimes sur les motivations politiques fondamentales mais inavouables qui sont à la base des sanctions drastiques de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali. Emmanuel Macron et Jean Yves Le Drian ont bien obtenu gain de cause auprès de leurs amis !

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