Du 28 au 30 août 2024, la salle de réunion du programme national de lutte contre les maladies bucco-dentaires à Niamey, a servi de cadre pour une formation significative destinée aux journalistes des médias publics et privés. Cet événement, co-présidé par le coordonnateur national des maladies tropicales négligées (MTN) au Niger et le président de la coalition multisectorielle de lutte contre ces maladies, visait à renforcer non seulement la sensibilisation mais également l’engagement des professionnels des médias dans la lutte contre ce fléau de santé publique qui affecte profondément le Niger.
Les maladies tropicales négligées, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), constituent un ensemble de maladies infectieuses particulièrement dévastatrices pour les populations vivant dans des conditions précaires. Au Niger, quatorze de ces maladies, dont la bilharziose, le trachome, la filariose lymphatique et la lèpre figurent sur une liste de vingt maladies proposées par l’OMS. Ces pathologies touchent plus d’un milliard de personnes à l’échelle mondiale et compromettent non seulement la santé des individus affectés, mais également le développement socio-économique des communautés et des pays où elles sévissent. Le combat contre les MTN est donc bien plus qu’une question de santé ; il s’agit d’une question de justice sociale et de développement durable.
Durant ces trois jours de formation, les journalistes ont eu l’opportunité d’explorer les différentes facettes des MTN. Des présentations effectuées par des spécialistes de renom national ont permis d’aborder des thématiques essentielles, telles que le diagnostic, les symptômes et les traitements associés à ces maladies. Ces échanges constructifs entre journalistes et experts ont été particulièrement enrichissants, offrant aux participants, une compréhension approfondie des enjeux liés à ces pathologies, mais aussi une vision claire des défis à relever.
« Ces maladies touchent particulièrement les populations défavorisées et vulnérables, vivant dans des zones reculées et dans des conditions d’hygiène précaires. Les enfants, en particulier, représentent une frange de la population très exposée, avec un tiers d’entre eux étant souvent infectés avant l’âge de cinq ans », a souligné le coordonnateur national dans son discours d’ouverture. Cette déclaration illustre tragiquement la réalité à laquelle sont confrontées les populations les plus démunies, et met en lumière l’urgence d’une mobilisation collective pour lutter contre ces maladies.
Cette formation a également servi de plateforme pour sensibiliser les journalistes à l’importance majeure de leur rôle en tant que porte-voix dans la lutte contre les MTN. « Vous êtes nos porte-voix en matière de sensibilisation de la population et dans le cadre de plaidoyer pour une mobilisation des ressources nécessaires dans ce combat », a-t-il ajouté. Cet appel à l’action a résonné auprès des journalistes présents, qui se sont engagés à accompagner la coalition multisectorielle dans sa quête de financements pour réduire la prévalence de ces maladies. Cet engagement est d’autant plus louable qu’il souligne le pouvoir des médias en tant qu’instrument de changement social et de sensibilisation.
À l’horizon 2030, l’OMS a fixé l’objectif ambitieux d’éradiquer ces maladies. Toutefois, la question demeure : le Niger sera-t-il au rendez-vous ? L’espoir demeure intact, à condition que les médias intensifient leurs efforts de sensibilisation et de plaidoyer en faveur d’un financement accru pour la lutte contre les MTN. La collaboration entre les journalistes et les experts est essentielle pour créer une synergie qui permettra de toucher un plus large public et d’attirer l’attention des décideurs sur l’urgence de cette lutte.
La session de formation et la journée de plaidoyer pour la lutte contre les maladies tropicales négligées représentent une initiative louable pour mobiliser les acteurs clés de la société autour de cette problématique de santé publique. En formant les journalistes, le Niger se dote d’un atout supplémentaire pour sensibiliser la population et attirer l’attention des décideurs sur l’urgence de cette lutte. Cette mobilisation est d’autant plus urgente compte tenu des conséquences dévastatrices que les MTN peuvent avoir sur la santé et le bien-être des communautés.
Il est également important de souligner le rôle des autorités et des organisations partenaires, telles que Speak Up Africa, dans cette lutte. Leur soutien et leur engagement sont indispensables pour espérer un avenir meilleur, exempt de ces maladies qui minent le potentiel de développement du pays. L’union des forces est primordiale pour faire face à ce défi de santé publique. La lutte contre les maladies tropicales négligées au Niger nécessite une approche innovante et participative de l’ensemble des citoyens, car le jeu en vaut la chandelle.
Mahamadou Tahirou
