Préoccupés par le maintien en détention du journaliste Pape Alé Niang de Dakar Matin, et ce, malgré la dégradation de son état de santé due à sa grève de la faim qui l’a fait hospitaliser, soixante-dix-huit (78) professionnels des médias africains se mobilisent autour d’un Appel lancé le 6 janvier 2023 pour réclamer la libération du journaliste incarcéré et l’abandon des charges retenues contre lui.
Arrêté le 6 novembre 2023, Pape Alé Niang est poursuivi pour « divulgation d’informations de nature à nuire à la défense nationale ; recel de documents administratifs et militaires ; diffusion de fausses nouvelles ».
Des « charges fallacieuses », estiment les journalistes africains ainsi que les organisations de défense des droits des journalistes dont la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO), la Fédération des journalistes africains (FAJ), la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) ou le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) et bien d’autres qui ont également signé et apporté leur soutien à Pape Alé Niang et à la liberté de la presse au Sénégal.
Dans cet Appel, intitulé « Pape Alé Niang n’a rien à faire en prison », les 78 journalistes africains ainsi que les organisations de défense des droits des journalistes interpellent les autorités sénégalaises, y compris la justice, que seule « la libération de Pape Alé Niang par la justice mettra fin à une infraction grave aux principes de la liberté de la presse dans un pays qui a ratifié la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, et qui reconnaît le droit à l’information et le droit de s’exprimer et de diffuser ses opinions ».
L’occasion aussi de rappeler l’engagement pris par le président Macky Sall, lors de sa prise de fonction en 2012, promettant « qu’aucun journaliste ne serait emprisonné lors de son mandat ».
Cette incarcération, souligne l’Appel des 78 « soulève d’autres enjeux pour les médias au Sénégal, jadis fleuron de la liberté de la presse en Afrique ». Il s’agit de l’absence d’une loi sur l’accès à l’information, malgré l’existence d’un projet de loi, ce qui « empêche les journalistes et les citoyens d’accéder à des informations publiques », ont-ils dénoncés. Pour y remédier, les signataires de l’Appel du 6 janvier 2023 suggèrent aux autorités « d’amender sans délai le Code de la presse afin de dépénaliser les délits de presse ».
Pour le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, dont l’organisation a incité ledit Appel, « ce message doit être entendu par les autorités sénégalaises » au regard de grands noms de la presse africaine qui l’ont signé.