Le Burkina Faso réagit face aux accusations d’exécutions d’enfants dans un camp militaire

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Alors que le journal français Libération a sorti un article lundi dans lequel il accuse les militaires burkinabés d’avoir exécuté des enfants dans un camp militaire, le gouvernement burkinabé a immédiatement réagi dénonçant de la « manipulation déguisée en journalisme ».

Lundi, le journal Français Libération a publié un article qu’il a titré « Au Burkina Faso, une vidéo d’enfants exécutés tournée dans un camp militaire ». Un titre très accusateur qui a suscité beaucoup d’intérêt dans l’opinion, tant le fait évoqué est extrêmement grave. En effet, le journal français indique avoir mené une enquête sur un mois après qu’une source lui a envoyé une vidéo d’exécution sommaire d’enfants dans ce qui peut être présenté comme un camp militaire.

« Libération a enquêté pendant un mois sur cette vidéo – envoyée par messagerie à un journaliste de la rédaction le 14 février 2023 – afin d’en reconstituer le contexte, la date, le lieu et les personnes impliquées. Nous avons choisi de ne pas la diffuser sur Liberation.fr en raison de son caractère choquant, et par respect pour la dignité des victimes » a indiqué le média dans son article.

« Trois sources sécuritaires ont confirmé à Libération que les hommes visibles dans la vidéo sont bien des militaires. D’après nos informations, il pourrait s’agir d’éléments du 12e Régiment d’infanterie commando (RIC). Cette unité aguerrie, en première ligne dans la lutte contre les jihadistes du groupe Ansarul Islam, est installée dans la ville de Ouahigouya, à 200 kilomètres au nord de la capitale, Ouagadougou », poursuit le média français.

« En analysant la vidéo, Libération a été en mesure de déterminer la localisation exacte de la scène : une base militaire à la sortie nord-ouest de la ville de Ouahigouya, sur la route de Thiou. Il s’agit de la caserne du 12e RIC, appelée camp Zondoma », indique Libération qui a également évoqué des témoignages d’habitants de la région qui accusent les VDP de faire leur propre loi depuis qu’ils ont été recrutés et armés pour aident les forces armées burkinabés dans la lutte contre le terrorisme.

La réaction du gouvernement Burkinabé

Le travail d’investigation du journal français sur la vidéo reçue semble confirmer qu’il s’agit bel et bien de forces pro gouvernementales qui exécutent sommairement des enfants dans un camp militaire au Burkina Faso. Cependant, le gouvernement du Faso n’est de cet avis et accuse le média de propagande et de vouloir ternir l’image de l’armée et du pays. Dans un communiqué signé du porte-parole du gouvernement, les autorités du Burkina Faso réfutent catégoriquement les informations de Libération.

« Le Gouvernement a découvert avec sidération un article à charge intitulé « Au Burkina Faso, une vidéo d’enfants exécutés tournée dans un camp militaire », publié ce jour 27 mars 2023 sur le site internet du journal français Libération, qui émet des accusations extrêmement graves contre les Forces de Défense et de Sécurité burkinabé. Sur la base d’interprétations orientées, de raisonnements approximatifs et de simulations douteuses, des journalistes de ce média accusent des militaires Burkinabé de s’en être pris à des enfants dans une caserne militaire », déclare le gouvernement du Faso.

« Osant des rapprochements grossiers, hasardeux et particulièrement tendancieux entre plusieurs aspects liés à l’appartenance ethnique ou communautaire, les auteurs masquent maladroitement le dessein subversif de cet article qui est manifestement de jeter le discrédit sur nos Forces Combattantes et d’opposer les Burkinabé aux Burkinabé », a soutenu Ouagadougou qui estime ainsi qu’il s’agit de fausses informations ou de désinformation venant de Libération qui a manqué de professionnalisme dans le traitement de son information.

« L’article en lui-même contient preuves du manque de professionnalisme de ces journalistes qui semblent n’avoir aucune connaissance de la réalité du terrain et de l’environnement dans lequel se mène la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso et dans la bande sahélo-saharienne. Le minimum de prudence aurait recommandé de nuancer ces affirmations dans la mesure où certains groupes terroristes, dans un esprit de perfidie, utilisent l’uniforme des Forces Armées Nationales pour attaquer les populations civiles », explique le communiqué gouvernemental.

« Le Gouvernement condamne fermement ces manipulations déguisées en journalisme pour ternir l’image du pays des Hommes intègres. Il regrette qu’un média d’une telle renommée puisse ainsi se laisser manipuler à des fins politiques et géopolitiques au détriment des principes élémentaires du noble métier de journaliste », soutient Ouagadougou tout en rappelant à l’opinion, son engagement dans le respect des droits de l’homme.

« Le Gouvernement rappelle à l’opinion nationale et internationale que les Forces engagées dans la lutte contre le terrorisme agissent dans le strict respect du Droit international humanitaire, conformément à leur fondation initiale et continue en la matière. En outre, le récent déploiement de prévôtés au sein des unités combattantes est une preuve supplémentaire de l’engagement Burkina Faso à œuvrer au respect des Droits humains dans la lutte contre le terrorisme », conclut le gouvernement militaire du Faso.