Les faits paraissent invraisemblables, mais bien réels. Au Niger, les étudiants de l’Université publique « André Salifou » de Zinder ont construit, sur fond propre, et inauguré deux « amphithéâtres » en paillotes, pour pallier le déficit criard de salles de cours qui perturbe le calendrier académique et pénalise leur cursus universitaire.
Lundi 25 avril 2022, le Comité exécutif de l’Union des étudiants nigériens à l’Université de Zinder (CE/UENUZ) a procédé à une inauguration de deux « amphithéâtres » en paillotes d’une capacité respective de 45 et 36 places, construits sur fond propre. Selon le Secrétaire général du syndicat des étudiants, la construction de ces amphithéâtres répond au désengagement des autorités nigériennes en charge de l’Enseignement supérieur face à l’impérieuse nécessité de salle de cours à l’Université de Zinder.
« Aujourd’hui, nous n’avons que 30 salles de cours à l’Université André Salifou de Zinder avec 2 amphithéâtres. Or, nous avons plus de 60 niveaux d’étude. Ce qui nous plonge davantage dans un retard académique légendaire », a affirmé face à la presse, le SG du CE/UENUZ, Ismaillou Rabiou. « Actuellement, il y a un besoin de plus de 45 salles de cours à l’université de Zinder… Les deux salles construites serviront aux cours, aux travaux dirigés et aux différents examens… Elles permettront à certains enseignants-chercheurs de pouvoir finir leurs programmes au profit des étudiants ».
Le rectorat désapprouve le geste des étudiants
Au Niger, c’est la première fois que des salles de cours en paillote sont construites dans une Université publique. Cette action qui a suscité beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux a fait réagir les autorités rectorales de l’Université de Zinder à travers un communiqué qui qualifie le geste des étudiants de « distraction » de l’opinion nationale et internationale. « (…) les étudiants de l’Université de Zinder, à la suite d’une série de mots d’ordre de grèves, ont choisi de délirer, voire distraire l’opinion nationale et internationale, via les réseaux sociaux, en plaçant des paillotes sur le site de l’Université », a indiqué le communiqué rectoral.
Selon ce communiqué, les revendications du syndicat des étudiants étaient articulées essentiellement autour de deux points fondamentaux, à savoir : la clôture du périmètre de l’université et le bitumage de la route nationale n°11. Des questions pour lesquelles les autorités rectorales sont en train d’entreprendre des démarches, auprès des ministères concernés et des partenaires techniques et financiers, afin de les résoudre.
« Pour revenir aux infrastructures académiques, l’université de Zinder dispose de 30 salles de 50 à 250 places assises et de deux (2) amphithéâtres dont l’un de 500 places et l’autre de 330 places assises pour un total de 3 850 places assises pour 8 300 étudiants, soit un ratio de 0,46 place par étudiant », justifie le communiqué. Même si les autorités rectorales ont reconnu le déficit pressant de salles de cours, elles soulignent que des projets de constructions des amphithéâtres de 1.000 places et de 500 places sont en cours de réalisation.
Des actes concrets sont attendus…
A l’Université des Zinder, le syndicat des étudiants semble avoir marre des promesses de projets de construction d’infrastructures ne voient jamais le jour. Lors de sa prise de fonctions, le président de la République, Mohamed Bazoum, avait affiché sa volonté manifeste de rénover le système éducatif nigérien. Dans son programme d’actions, il est notamment question de mettre fin aux salles de cours en paillotes dans les écoles, qui ont déjà fait plusieurs victimes aux niveaux préscolaire et scolaire à Niamey et dans certaines régions de l’intérieur du pays, suites aux incendies. Mais un après son investiture, des actes concrets sont toujours attendus dans ce sens.