Débat « à huis clos » sur la situation sécuritaire au Niger : l’opposition boycotte la séance

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Le Premier ministre nigérien devant le Parlement

Les débats à la plénière de l’Assemblée nationale, sur la situation sécuritaire nationale, particulièrement dans la région de Tillabéry, objet de l’interpellation du Premier ministre devant le parlement, ne se sont pas déroulés le 23 décembre 2021 comme prévu. Les députés de l’opposition parlementaire ont boycotté la séance en dénonçant la violation des dispositions du règlement intérieur de l’Assemblée nationale.

Pour non-respect de l’article 121 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, l’opposition parlementaire a claqué la porte du débat sur la situation sécuritaire au Niger. En effet, cet article stipule que « les débats sur les interpellations et les questions d’actualité sont retransmis en direct sur les antennes de radio et télévision nationale. La conférence des présidents décide des conditions de la retransmission ».

Mais selon la majorité parlementaire, bien que le règlement intérieur le stipule, « il ne serait pas judicieux, au regard du caractère sensible de la question sécuritaire, que les débats autour de cette question soient retransmis en direct », avant de rappeler que la conférence des présidents a déjà, dès la veille de cette interpellation, « décidée que les débats se fassent en huis clos », d’où son étonnement de voir l’opposition revenir sur la publicité des débats. « Ils veulent cacher aux nigériens ce qui s’est réellement passé le 27 novembre dernier à Téra, notamment sur la question de qui a tiré sur les manifestants », s’insurge le député Amado Djibo dit Max.

Partagés sur la question de la retransmission des débats, le président de l’Assemblée nationale, en application des dispositions de l’article 66 du même règlement intérieur qui donne pleins pouvoirs à la plénière de l’Assemblée nationale de « décider », la question a été soumis aux votes des députés. A l’issue de ce vote, le 1/3 des députés requis dans le cas d’espèce, a largement été dépassé, ce qui suppose que « les débats se feront à huis clos ». Une démarche rejetée par l’opposition politique qui a préféré se retirer.

« Les députés de l‘opposition ont boycotté la séance de ce matin pour ne pas se rendre complices de la majorité godillot qui veut cacher la vérité au peuple sur la mort de trois jeunes à Téra et la sécurité en général en violation de l’article 121 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale », a déclaré le député nationale Omar Hamidou Tchana.

Rappelons que c’est suite au drame de Téra ou des soldats français ont tiré sur des manifestants qui empêchaient le passage de leur convoi que l’opposition a interpellé les ministres de la Défense et celui de l’Intérieur pour qu’ils apportent des clarifications à ces événements. En lieu et place des ministres interpellés c’est le Premier Ministre en personne qui a décidé de répondre aux questions devant le parlement.

A la lecture de ce qui précède, l’on est tenté de dire que dire que le pouvoir de Niamey, manipulé par les intérêts français, ne veut pas que les nigériens sachent toute la vérité sur les tirs à balles réelles sur des manifestants pacifiques dans la matinée du samedi 27 novembre 2021, faisant trois (03) morts et dix-huit (18) blessés dont onze (11) grave. Cette posture du régime Bazoum ne fera qu’alourdir le climat social, toute chose qui fait le jeu des obscurantistes.