CEDEAO : D’un Sommet extraordinaire sur la Guinée-Bissau au black-out sur la Guinée-Conakry

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Les Chefs d'Etat et de Gouvernement des pays membres de la CEDEAO lors de la Réunion de Ouagadougou / Photo France 24

Ce vendredi à Niamey, les chefs d’Etat de la Cedeao vont remonter les bretelles au bissau-guinéen José Mario Vaz coupable d’avoir rompu le consensus politique  minimal qui maintient une stabilité fragile dans le pays. A contrario, ils semblent décidés à ménager les susceptibilités d’Alpha Condé.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tient ce vendredi un Sommet extraordinaire relatif à la situation qui prévaut en Guinée Bissau. L’objectif des chefs d’Etat et de gouvernement qui seront présents à Niamey est de désamorcer la bombe potentielle que constitue la crise politique née du limogeage du premier ministre Aristide Gomes par le président José Mario Vaz. C’est Faustino Imbali qui a été chargé par la suite de mettre en place un nouveau gouvernement comprenant 17 ministres et 14 secrétaires d’Etat.

Ce changement est survenu à quelques jours du début de la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 24 novembre prochain. Aristide Gomes avait comparé son limogeage à un coup d’Etat puis il a reçu les soutiens de la Cedeao et des Etats-Unis d’Amérique.

Dans la capitale nigérienne, les chefs d’Etat de la région ouest-africaine vont sans doute rappeler leur position commune face au processus politique en cours dans le pays et pourraient bien mettre en demeure le président sortant José Mario Vaz de respecter la feuille de route de la Cedeao votée en mars dernier par le 55e Sommet extraordinaire.

Pendant ce temps, quel sort est réservé à l’autre Guinée ? Dans ce pays, la situation peut basculer à tout moment avec la détermination apparemment increvable du président Alpha Condé d’organiser un référendum national à partir duquel il lui serait possible de briguer ce 3e mandat que l’actuelle constitution ne lui permet pas. Depuis le début des manifestations citoyennes, au moins une dizaine de personnes ont été tuées, une vingtaine d’après l’opposition politique et des organisations de la société civile.

La situation reste tendue en dépit des appels au calme… Les chefs d’Etat de la Cedeao doivent-ils rester silencieux face à ce drame dont personne ne connaît l’issue ? Peuvent-ils faire autre chose que d’appeler au calme et à la responsabilité de tous les acteurs guinéens ? Les échanges bilatéraux entre chefs d’Etat ne manqueront pas à Niamey, mais tout se ferait en off de peur de froisser «l’ami Alpha» connu pour ses réparties.

Dans une certaine mesure, cette prudence s’explique par le fait que le président Alpha Condé considère que toute évocation de la situation actuelle en Guinée par la Cedeao serait vue comme une «ingérence inacceptable» dans une affaire qui ne regarde que…la Guinée et les Guinéens.

En outre, les rapports plus ou moins compliquées que le chef de l’Etat guinéen entretient avec certains de ses pairs ne concourt pas à une prise en charge de la question par l’organisation ouest-africaine. Plus gênant encore, c’est la situation dans laquelle se trouvent certains chefs d’Etat fragilisés par des postures et des perspectives jugées peu rassurantes par rapport à leur propre constitution.