Burkina Faso : Des journalistes africains et RSF demandent au régime en place de s’exprimer sur le sort de quatre de leurs confrères «disparus»

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Une cinquantaine de journalistes africains et Reporters sans frontières (RSF), à travers une tribune parue dans le « Monde », demandent au régime du capitaine Ibrahim Traoré de s’exprimer sur le sort de quatre de leurs confrères qui seraient, selon toute vraisemblance, « aux mains des militaires ». Les journalistes disparus sont :

Atiana Serge Oulon, Directeur de publication du Journal Burkinabè L’Evénement. Il a disparu depuis le 24 juin 2024 à Ouagadougou. Il aurait été enlevé par une dizaine de membres présumés de l’Agence nationale de renseignements (ANR) à son domicile au petit matin, alors qu’il « était attendu à un procès après une plainte pour diffamations et injures publiques du journal d’investigation qu’il dirige contre un militant défenseur du pouvoir », renseigne le document. Journaliste d’investigation chevronné, il révélait  en décembre 2022, des soupçons de détournement de fonds alloués aux volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs civils de l’armée. « Une publication ayant provoqué l’ire du chef de la junte », souligne la Tribune.

– Alain Traoré, l’animateur de la chronique « Le Défouloir » sur la Radio Omega. Le journaliste est porté disparu depuis le 13 juillet dernier. Également directeur du bureau « langues nationales » du groupe Omega Médias, il a été enlevé à son domicile par des individus armés et cagoulés se réclamant de l’ANR.

– Kalifara Séré et Adama Bayala, deux chroniqueurs régulièrement invités sur la chaîne privée BF1, disparus respectivement les 18 et 28 juin 2024 à Ouagadougou. Ils sont connus des burkinabès pour leurs «critiques des actions du gouvernement», selon la Tribune signée par des journalistes africains et RSF.

Le document informe par ailleurs que quelques semaines après la disparition de Serge Oulon, le capitaine Ibrahim Traoré confirmait l’enrôlement d’un journaliste, sans le nommer, dans les forces armées. «Une situation unique sur le continent, que d’autres membres de la société civile ont également vécue et dont les conditions sont encore peu documentées», souligne-t-il.

Ces disparitions forcées de journalistes, confirmées pour au moins l’une d’entre elles, s’inquiètent les signataires de cette Tribune « sont le symbole d’une tendance grandissante au Burkina Faso, à savoir, une répression de la liberté de la presse tous azimuts et ce, après la mise au ban des organes de presse internationaux ».

C’est au vu de la gravité de cette situation de disparition des acteurs des médias dans ce pays, jadis une référence en matière de liberté de la presse que des « journalistes et médias du Burkina Faso et d’Afrique de l’Ouest, avec Reporters sans frontières (RSF) appellent les autorités burkinabées à «sortir de leur silence coupable».

La Tribune dénonce enfin une détérioration dramatique de « la situation des journalistes burkinabés où les langues critiques se sont progressivement nouées, par peur ou sous la contrainte, et les positions publiques du régime d’Ibrahim Traoré sont devenues celles de nombreux médias ».