Au Brésil, 7 organisations de défense du droit des journalistes ont intenté une action civile contre le Gouvernement fédéral pour son incapacité à fournir des mesures de sécurité et garantir un environnement sûr aux journalistes qui font l’objet d’attaques répétées au palais présidentiel.
Dans une plainte déposée au Tribunal de Brasilia, les organisations indiquent que début juin 2020, plusieurs médias, dont Globo, Folha et Metropoles, ont annoncé que leurs journalistes ne pourront plus faire de reportages depuis la résidence présidentielle en raison du risque élevé d’attaques des partisans du président Bolsonaro.
En réponse aux préoccupations soulevées par l’Union des journalistes professionnels de Brasilia, le Bureau de la sécurité institutionnelle a adopté de nouvelles mesures de sécurité et réorganisé l’espace, séparant les journalistes des partisans du président. Cependant, les initiatives n’étaient pas suffisantes pour assurer la sécurité des journalistes.
Dans une conversation enregistrée par le groupe de médias Bandeirantes, le général Augusto Heleno, chef du Bureau de la sécurité institutionnelle, a déclaré qu’il ne freinerait pas les menaces et les attaques verbales et que les journalistes devaient « faire semblant de n’avoir entendu rien d’offensant ».
Déposée le 30 juin, l’action civile souligne que ces attaques ne sont pas ponctuelles. Depuis l’investiture du président Bolsonaro, il y a 18 mois, il y a eu d’innombrables rapports faisant état de mauvais traitements infligés à la presse par le chef de l’Etat lui-même, sa famille, ses ministres et ses partisans.
Le document déposé souligne que la protection des travailleurs des médias est avant tout une garantie du droit à la liberté d’expression, un pilier fondamental du bon fonctionnement de la démocratie et une condition préalable à l’exercice de la citoyenneté. Il appartient désormais au tribunal de Brasilia de se prononcer sur l’action civile.
L’action civile a été signée par ARTICLE 19 Brésil et Amérique du Sud, l’Union des journalistes professionnels de Brasilia, l’Institut Vladimir Herzog, la Fédération nationale des journalistes (FENAJ), le collectif Intervozes et Reporters sans frontières (RSF). L’initiative est née du Réseau national pour la protection des professionnels de la communication, un projet qui rassemble des organisations de tout le Brésil et qui développe des stratégies pour lutter contre la violation de la liberté d’expression dans le pays.