La mission de l’ONU au Mali désigne les chasseurs traditionnels Dozos responsables de l’attaque meurtrière du village de Koulogon dans son rapport d’enquête rendu public le jeudi 6 juin 2019.
L’attaque sanglante perpétrée le 1er janvier 2019 a coûté la vie à 39 civils (37 au moment de l’attaque et 2 ayant succombés à leurs blessures), tous peulhs.
Les familles des victimes se disent inquiètes de voir les chasseurs de la communauté Dogon un jour jugés malgré que l’ONU les pointe du doigt. Pour élaborer son rapport, la commission de l’enquête de la Minusma a interviewé 110 personnes.
Cinq mois après l’attaque et d’investigations menées par la Mission multidimensionnelle intégrée de Nations Unis au Mali (Minusma) en collaboration avec le Haut commissariat des Nations Unis aux droits de l’homme (HCDH), les principaux indexés sont mis en cause par ce rapport très attendu.
Au moment des faits, déjà les autorités malienne ont attribué l’attaque à des « hommes armés habillés en tenue de chasseurs traditionnels Dozos », reconnaissables à leur tenue et à leurs fétiches, qui prétendent « protéger les Dogons contre les Peuhls ».
« Nous avons identifié les auteurs de l’attaque de Koulogon. Il s’agit des chasseurs traditionnels dozos. Ils étaient accompagnés d’une dizaine d’individus en tenues civiles. Ces individus sont formellement identifiés comme étant des résidents des villages voisins », a sans appel précisé le directeur de la division des droits de l’homme de la Minusma, Guillaume Ngefa, en rendant public ce rapport.
« Les assaillants ont utilisé des armes de guerre de type AK-47 et l’attaque a fait 37 morts sur place et deux autres personnes ont succombé à leurs blessures », a-t-il affirmé plus loin. « Les Peuls étaient systématiquement visés, dont certains étaient tués dans leur maison », selon ce rapport rapporté par Jeune Afrique.
La Minusma a évité de citer les noms des personnes identifiés comme étant les auteurs de l’attaque. Pourtant quatre personnes ont été arrêtées par la justice malienne et quatre autres sont sous contrôle judiciaire.
Le rapport ne rassure point les victimes et les parents des victimes qui estiment qu’il « ne leurs servira à rien », car « étant sûrs qu’il y a une collusion entre l’administration et ceux qui leurs ont attaqué ». Aminata Diallo, rescapée de l’attaque, lors de laquelle elle avait perdu son frère et son oncle déclare à Jeune Afrique : « On ne s’attend pas à de la justice dans cette affaire ».
Pourtant la justice malienne tente de les rassurer. « Des personnes affiliées à des chasseurs dozos sont formellement identifiées comme membres des auteurs de l’attaque de Koulogon, ils sont en prison en attendant leur jugement », a indiqué le procureur du tribunal de Mopti, conscient de l’inquiétude des victimes. « Mais pour qu’ils passent devant un juge, il faudra d’abord boucler l’enquête, ce qui va prendre du temps car nous continuons les écoutes », précise-t-il.
Les chasseurs Dozos sont de la communauté Dogon et sont parmi les multiples milices d’auto-défense qui pullulent au Mali suite à la situation d’insécurité qui prévaut dans le pays. Ces milices ajoutent une totale confusion à la situation déjà très tendue.
Elles opposent les communautés qui s’accusent mutuellement après les incursions meurtrières des terroristes qui endeuillent les populations. Le gouvernement était contraint d’annoncer la dissolution de toutes ces différentes forces d’auto-défense.
La situation est l’image de celle observée au Nigeria qui fait face aux exactions de la secte terroriste Boko Haram qui se sont prolongés dans tout le bassin du Lac-Tchad.
Source: Jeune Afrique