Le cadre de Concertation et d’Action Citoyenne de la Société Civile Indépendante (CCAC/SCI) a rendu publique le 31 mars denier, une déclaration pour exiger « la mise en liberté immédiate de tous les acteurs de la société civile actuellement en détention (NDLR : 6) ainsi que l’abandon des charges fantaisistes échafaudées à leur encontre. »
« Il vous souviendra que depuis le 19 Mars 2020, six (6) de nos camarades, défenseurs des droits de l’homme, après 4 jours de garde à vue dans les locaux de la police judiciaire (PJ), sont arbitrairement placés en détention préventive dans diverses maisons d’arrêt du pays, et ce au mépris des dispositions pertinentes du code de procédure pénale qui n’autorisent la détention préventive qu’à titre exceptionnel. » soulignent Nouhou Arzika et ses camarades.
Pire, précise le CCAS/SCI « ils sont placés sous mandat de dépôt, déportés et écroués dans des prisons situées en dehors du ressort du juge en charge de leur dossier, et pour la plupart situées dans une zone à haut risque, en état d’urgence sécuritaire ». Il s’agit selon Nouhou Arzika de « Habibou Soumaila, est déporté à Filingué, situé à plus de 180 km de Niamey. Moussa Tchangari et Mounkaila Halidou, respectivement à Tillabéri et Daykaïna, situés à plus de 100km. Maikoul Zodi, à Ouallam à environ 80 km de Niamey. Moussa Moudi, détenu à Kollo, situé à une trentaine de Km et de Sani Chekaraou, à la maison d’arrêt de Niamey. »
Comme si cela ne suffit pas, rapporte la déclaration « le Gouvernement, à travers le ministre de la justice, s’est empressé, par voie de communiqué N°0067, à porter à la connaissance du public, qu’en raison des mesures prises pour protéger la population contre le COVID19 et dans le prolongement de celles-ci, l’interdiction des visites aux détenus à compter du 20 mars 2020, et ce pendant trois (3) mois ». La déclaration indique que « cette mesure visiblement ciblée, inique, aux allures de règlement de compte, intervient seulement quelques heures après la déportation et l’incarcération de nos camarades ; et de toutes les mesures prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID19, elle est curieusement la seule qui s’étend sur trois (3) mois. » Et pourquoi ? S’interroge le CCAS/SCI.
« Ces artifices ô combien cyniques, ne visent qu’à réduire en silence les citoyennes et citoyens nigériens de plus en plus nombreux qui se mobilisent et revendiquent plus de transparence, de bonne gouvernance et d’Etat de droit dans ce pays aujourd’hui caporalisé, près d’une décennie durant, par une bande d’imposteurs éhontés » précise la déclaration.
« Le seul tort de ces dignes fils de la nation aujourd’hui embastillés est d’avoir voulu organiser un meeting pacifique non seulement pour soutenir nos FDS dans le combat ô combien périlleux qu’elles mènent contre les terroristes, mais aussi et surtout pour exiger un traitement judiciaire de la rocambolesque affaire de prédation des ressources publiques allouées au Ministère de Défense Nationale. Cette intimidation ne passera pas ! La lutte citoyenne doit et va continuer, sans relâche » soutient le CCAS/SCI.
C’est pourquoi, le Cadre de Concertation et d’Actions Citoyennes de la société civile indépendante « exige la mise en liberté immédiate de tous les acteurs de la société civile actuellement en détention ainsi que l’abandon des charges fantaisistes échafaudées à leur encontre. Car rien, absolument rien, ne peut justifier leur maintien en détention. Au surplus, l’opinion publique nationale et internationale ne peuvent qu’être choquées de constater le maintien en détention des acteurs civiques, au même moment où le Président de la République décide des mesures de mansuétude en faveur de « 1540 détenus pour des raisons humanitaires et pour désengorger les maisons d’arrêt ». Personne, absolument personne ne peut comprendre ce cynique et insupportable règlement des comptes dont les apparatchiks du Gouri-système sont devenus coutumiers. » Le CCAS/SCI d’exiger également du Gouvernement « la levée immédiate des mesures d’interdiction des visites aux détenus. Cette mesure n’est pas nécessaire. Elle est contraire aux engagements internationaux de l’Etat du Niger consignés dans les règles N°58 et suivantes de l’Ensemble de Règles Minima des Nations Unies pour le Traitement des Détenus garantissant le droit des personnes privées de liberté de garder contact avec l’extérieur, en particulier avec leurs « familles et amis, à intervalles réguliers ». Le CCAS/SCI, réitère « ses revendications portant sur le traitement judiciaire approprié du dossier de détournement et de malversation au ministère de la défense nationale » et renouvelle « sa demande d’une enquête indépendante pour faire la lumière sur l’incendie du marché Tagabati, le dédommagement intégral des victimes de cet incendie ainsi que son exigence de la démission du ministre de l’intérieur et de toute la chaine de commandement au moment des faits, pour donner les chances de succès à cette enquête. » Enfin Nouhou Arzika et ses camarades, invitent « l’ensemble des forces vives de la nation à une synergie d’Actions et à continuer la pression citoyenne sur le double front de la lutte contre l’impunité, la mal gouvernance, le détournement des deniers publics et contre la propagation de la pandémie de COVID19. »