Agression d’un reporter au Niger : les organisations socioprofessionnelles des médias s’indignent 

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Alors qu’il couvrait une manifestation des réfugiés, le caméraman du Groupe de Presse Anfani, M. Habibou Guissa, a été physiquement agressé, le 20 mars 2023 à Niamey, par des vigiles en service au bureau de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Une situation qui indigne les organisations socioprofessionnelles des médias qui dénoncent une atteinte à la liberté de la presse. 

Après l’agression physique du reporter, les agresseurs se sont également pris à son matériel de travail, notamment sa caméra, qu’ils ont détruit. Selon le bureau du Réseau des Radios et Télévisions Indépendantes du Niger (RRTIN), « les vigils ont affirmé agir sur instruction de leur chef qui s’est d’ailleurs pointé sur les lieux au même moment pour multiplier menaces et injures contre le reporter ». Rencontré par le Syndicat National des Travailleurs de l’Information et de la Communication (SYNATIC), le concerné « a avoué publiquement qu’il endossait l’entière responsabilité de la bavure qui venait de se produire », révèle ledit syndicat dans une déclaration rendue publique le 30 mars. 

Le SYNATIC a affirmé s’être rendu sur le lieu de l’incident, en compagnie du représentant de l’administration de Anfani. Selon lui, le constat sur place « a permis de confirmer […] une atteinte à l’intégrité physique du caméraman, le nommé Habibou Guissa, avec endommagement de son matériel de reportage ». 

Une atteinte à la liberté de la presse 

Suite à ces évènements fâcheux, le Groupe de Presse Anfani n’a pas tardé à porter plainte. Une démarche que soutiennent et encouragent les différentes organisations socioprofessionnelles des médias qui se sont prononcées sur l’affaire.  

« Face à cette épreuve, la énème du genre à laquelle des nombreux reporters indépendants sont confrontés à l’occasion des manifestations publiques, le Réseau des Radios et Télévisions Indépendantes du Niger apporte son soutien indéfectible au Groupe de Presse Anfani, et le soutient fermement dans sa plainte qu’il a légalement déposé devant les autorités judiciaires de Niamey dès le lendemain de l’incident », lit-on dans un communiqué de presse du RRTIN, publié le 28 mars. 

Soutenant être « directement concerné par cet incident », le RRTIN a annoncé qu’il « utilisera tous les moyens légaux qui sont à sa disposition, afin de ne plus laisser impunie de telles entraves à la liberté de la presse dans notre pays ». Et ce, malgré toute action individuelle intentée à un niveau ou à un autre. 

Le 24 mars, le bureau du Conseil d’Administration de la Maison de la Presse a condamné « cette violence gratuite » exercée sur un professionnel de médias en mission sur le terrain. Par la même occasion, l’institution a aussi fait part de sa solidarité à la victime et à son employeur dans la démarche judiciaire entreprise. 

« La Maison de la Presse s’offusque contre toute sorte de violence, d’où qu’elle vienne, à l’égard d’un journaliste dans l’exercice de son métier et exhorte les services compétents de l’Etat à rechercher les auteurs de cet acte gravissime contre la liberté de la presse au Niger afin qu’ils répondent de leurs actes devant la justice », insiste le communiqué signé par le président du conseil d’administration de la maison de la presse.   

« Le Bureau du Conseil d’Administration de la Maison de la Presse apporte tout son soutien au Cameramen agressé et témoigne de toute sa solidarité aux responsables du Groupe de Presse Anfani dans leur plainte déposée auprès des juridictions », souligne le même communiqué. 

La nécessité de s’unir… 

Après avoir exprimé son indignation « contre cet acte de barbarie », l’Association des Caméramans des Médias Privés du Niger (ASCAMEP) a aussi exprimé sa solidarité et apporté ses encouragements au Groupe Anfani suite à sa démarche judiciaire. 

Par ailleurs, l’ASCAMEP « interpelle le CSC, le ministère de la communication, la maison de la presse, les organisations socioprofessionnelles des médias, le RRTIN à s’impliquer davantage pour une presse libre et indépendante au Niger afin que plus jamais ces actes de barbarie d’une certaine époque ne se répètent », a déclaré le président de l’ASCAMEP, Soumaye Adamou. 

Rappelant des cas d’agressions des acteurs des médias par le passé, Soumaye Adamou estime que « cette nouvelle agression à l’endroit d’un des membres de l’ASCAMEP nous interpelle tous sur la nécessité de faire bloc comme un seul homme autour de la protection de notre cher et noble métier ». 

Cet acte risque de peser sur la liberté de la presse au Niger déjà éprouvée par d’autres facteurs. Selon le dernier classement mondial de reporters sans frontière sur la liberté de presse, le Niger occupe la 59ème place sur 180 pays classés, avec un score moyen de 67.8 points. Une place que le pays maintient depuis deux ans après qu’il a régressé de deux points par rapport au classement de 2020 où il occupait la 57ème place.