Afrique du Sud : le chanteur Johnny Clegg, le « Zoulou blanc » anti-apartheid n’est plus !

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Le chanteur sud-africain Johnny Clegg surnommé le « Zoulou blanc », est mort le mardi 16 juillet 2019. Il a succombé à l’âge de 66 ans de suite d’un cancer qu’il combattait depuis plusieurs années. Son décès a été annoncé par son manager, Rodd Quinn, à la chaîne de télévision publique SABC.

« Johnny est décédé paisiblement aujourd’hui, entouré de sa famille à Johannesburg (…), après une bataille de quatre ans et demi contre le cancer », a déclaré le manager de l’auteur de la chanson « Asimbonanga ».

C’est grâce à cette chanson de 1988 que le musicien qui combattait l’apartheid avait notamment connu le succès planétaire.  Un succès connu avec son groupe Savuka, dont la chanson « Asimbonanga » avait été dédiée à Nelson Mandela, qui était alors prisonnier et dont les photos étaient interdites.

« Asimbonanga », (« Nous ne l’avons pas vu ») oui, Johnny Clegg aussi « nous le verrons plus » car le chanteur engagé et anti-apartheid a quitté sa coquille de « Zoulou » de rêve pour rejoindre Chaka et Madiba dans le monde de vérité.

Le chanteur laisse derrière lui l’histoire d’un homme qui a su puisé dans différentes cultures son inspiration pour concevoir une musique révolutionnaire, où les rythmes africains endiablés cohabitent avec guitare, clavier électrique et accordéon.

Johnny Clegg a surtout puisé dans la culture Zoulou, pour laquelle il est devenu un chanteur engagé contre l’apartheid. Il avait connu le succès avec son groupe Savuka. En 1988, leur chanson Asimbonanga avait été dédiée au Madiba, Nelson Mandela, qui était alors prisonnier et dont les photos étaient interdites.

Né en 1953 au Royaume-Uni d’un père britannique et d’une mère zimbabwéenne, chanteuse de jazz de cabaret, Johnny Clegg débarque à l’âge de 7 ans dans une Afrique du Sud où la minorité blanche règne en maître absolue sur la majorité noire. Johnny Clegg se glisse dès 15 ans dans les foyers de travailleurs noirs, au mépris des interdits. Là, il découvre les danses et les mélodies zoulou et s’invite secrètement pour danser avec les troupes traditionnelles. Initié aux cultures locales par son beau-père journaliste, il assure que son refus de l’apartheid n’a rien de politique.

Après une nouvelle rémission d’un cancer du pancréas diagnostiqué en 2015, il se lance deux ans plus tard dans une tournée mondiale d’adieu dont il réussira à honorer toutes les dates, les dernières en 2018. « J’ai eu une carrière gratifiante à bien des égards (…) en réussissant à rassembler des gens grâce à des chansons, surtout à un moment où cela semblait complètement impossible », se félicitait le musicien.

Un musicien engagé interdit pendant l’apartheid

Les chansons de Johnny Clegg ont été interdites pendant les pires heures du régime raciste, celui de l’apartheid. Le chanteur a été contraint de se produire, avec son groupe Juluka, formé avec le musicien zoulou Sipho Mchunu, dans les universités, les églises, les foyers de migrants et chez des particuliers pour contourner la censure.

Poutant à l’étranger, et notamment en France, Johnny Clegg a rapidement trouvé un public. « Les gens étaient très intrigués par notre musique », expliquait lui-même, le chanteur et danseur, adepte de concerts très physiques. En 1982, la sortie de son album Scatterlings of Africa le propulse en Grande-Bretagne et en France en tête des hit-parades.

Johnny Clegg s’affirme, cinq ans plus tard, comme un artiste « politique » avec le titre Asimbonanga (« nous ne l’avons pas vu », en langue zoulou), tube planétaire dédié à Nelson Mandela, le héros de la lutte anti-apartheid alors emprisonné à Robben Island.